"Le physicien autrichien Johann Christian Doppler découvrit en 1842, que le son émis par un objet en mouvement était plus aigu quand l'objet s'approchait de l'observateur et plus grave quand celui-ci s'en éloignait.

Tout comme le son, la lumière subit un effet doppler. Quand un objet lumineux s'éloigne de nous, sa lumière devient plus grave, elle est décalée vers le rouge et perd de l'énergie, tandis que si l'objet lumineux vient vers nous, sa lumière devient plus aiguë, elle est décalée vers le bleu et acquiert plus d'énergie. Le changement de couleur est d'autant plus grand que la vitesse de l'éloignement ou d'approche augmente." Trinh Xuan Thuan

Source :  "la mélodie secrète"

La lumière est une onde électromagnétique qui, comme le son a une certaine fréquence dépendant de la couleur :

(Cliquer pour agrandir)

Il est donc normal que l'effet Doppler s'applique à la vision des couleurs.

L'observation du phénomène de décalage vers le rouge de la couleur de la plupart des corps célestes que l'on peut observer est une des justifications de la théorie du Big Bang car il montre que l'univers est en expansion.

Source : CRDP académie de Grenoble

(photographie : champs de tulipes - Hollande)

(Pour faire suite à un article de Sandrine, blog Art dessins)

Kandinsky : température, qualités humaines

kandinsky voit les figures reliées les unes aux autres, soumises à des tensions, chaudes ou froides, jeunes ou mûres, en bref vivantes, avec des qualités humaines.

Ligne droite : horizontale = associée au froid et au noir. Verticale = associée au chaud et au blanc. Diagonale = froid-chaud, rouge libre.

L'angle droit est plus objectif donc le plus froid. L'angle aigu est le plus tendu donc le plus chaud. L'angle obtus est maladroit, faible et passif.

Les lignes courbes sont dites engendrées par des forces simultanées. Autant l'angle (ligne brisée) est jeune et irréfléchi, autant l'arc (ligne courbe) possède une force et une maturité consciente d'elle-même.

Si la tension est très forte, la ligne se replie sur elle-même et devient un cercle.

Kandinsky étudie également le plan comme un être vivant et c'est en somme tout le problème de la composition d'un tableau.

Aux formes correspondent des couleurs :

L'angle aigu (ou le triangle) est jeune, irréfléchi, bref plutôt chaud : il est naturellement associé au jaune. Le cercle est froid, céleste, il est bleu. Le carré (ou angle droit) est intermédiaire, il est rouge. Ces associations ne sont pas automatiques, au contraire, un cercle rouge peut provoquer une surprise, une certaine sensation.

Les couleurs, comme les formes, ont des qualités humaines. Le jaune par exemple est excentrique, le bleu est refermé sur lui-même.

"La forme, même abstraite, géométrique, possède son propre son intérieur, elle est un être spirituel" (kandinsky)

Source : Maths et arts plastiques Bibliothèque tangente

Vincent Van Gogh : musique

"Il comparait fréquemment la peinture à la musique et, dans l'espoir de mieux saisir les correspondances, les rapports entre les deux arts, il prit à Eindhoven quelques leçons  de piano auprès d'un vieil organiste. Mais cela ne dura pas longtemps, parce que Vincent, pendant ses leçons, comparait tout le temps les tons du piano à du bleu de prusse, à du vert émeraude, ou à de l'ocre jaune ou à du cadmium. Le bonhomme un jour, crut avoir affaire à un fou et il fut pris d'une telle peur qu'il cessa ses leçons." (Anton Kerssemakers)

Source : Van Gogh par Pierre Leprohon

Yves Kein : qualités humaines

"Pour moi, les couleurs sont des êtres vivants, des individus très évolués qui s'intègrent à nous, comme à tout… Chaque nuance est seulement de la même race que la couleur de base, mais possède une vie propre et autonome.

Il y a des couleurs gaies, majestueuses, vulgaires, douces, violentes ou tristes. " Yves Klein, 1958.

Source : blog Art dessins

Quant à moi je les vois dotées de qualités de surface : molles, coupantes, liquides. C'est ce qui domine et ça m'est perceptible dans tous styles de peinture.

Il y a aussi des qualités humaines : fortes, mièvres, douces, hautaines, joyeuses...

Enfin elles ont une hauteur de son, que j'associe plutôt à la voix qu'à la musique, elles peuvent être silencieuses ou hurlantes, la voix peut être grave ou aigüe. Ces qualités sont plus perceptibles dans les oeuvres abstraites car les couleurs sont plus indépendantes les unes des autres.

Et vous comment percevez vous les formes et les couleurs ?

"A aucun moment on n'est donc en droit de dire que Vincent Van Gogh était fou. De toute façon, il convient surtout de souligner cet axiome du Dr Vinchon : "La folie n'a jamais engendré le génie" - même si elle permet des manifestations expressives plastiques. L'inverse est plus plausible et le même auteur souligne "qu'une activité intellectuelle, interne et contenue, au service d'une passion qui la pousse sans cesse à créer use les âmes d'une trempe trop tendre, réveille les tendances morbides anciennes jusque là maintenues latentes, exagère la faculté de s'émouvoir, provoque parfois une psychose d'épuisement"... Le génie qui invente ses formes, son expression, est peut-être capable aussi d'inventer ses maladies." (Leprohon)

"Il commence la série des travaux des champs, d'après des gravures de Millet qu'il interprète par la couleur. Il s'agit pour Vincent de tout autre chose que de copies. "Je pose le blanc et noir de Delacroix ou de Millet ou d'après eux devant moi comme motif. Et puis j'improvise de la couleur là dedans, mais bien entendu pas tout à fait étant moi, mais cherchant des souvenirs de leurs tableaux... Alors mon pinceau va entre mes doigts comme serait un archet sur le violon et absolument pour mon plaisir." (Leprohon)

"Un artiste original ne peut pas copier. Il n'a donc qu'à copier pour être original" (Jean Cocteau)

"le bon samaritain" Delacroix

"le bon samaritain" Van Gogh

"Je préfère peindre des yeux humains plutôt que des cathédrales, si majestueuses, si imposantes soient elles - l'âme d'un être humain, même les yeux d'un pitoyable gueux ou d'une fille de trottoir sont plus intérressants selon moi" V Van Gogh

"la fille du peuple" V Van Gogh

"Rubens me plonge dans l'exaltation parce qu'il est précisemment celui qui cherche à exprimer et à représenter réellement, une atmosphère de joie, de sérénité, de couleur, par la combinaison des couleurs."

"La couleur exprime quelque chose par elle-même"

"J'ai peint une série d'études de couleur, simplement des fleurs, cherchant des oppositions de bleu avec l'orange, de rouge avec le vert, de jaune avec le violet, cherchant les tons rompus et neutres pour harmoniser la brutalité des extrêmes, essayant de rendre des couleurs intenses, et non une harmonie de gris."

"Quand on a en soi de l'ardeur et de l'âme, on ne peut les ensevelir dans un étouffoir, - on préfère brûler qu'étouffer. Ce que l'on a en soi doit sortir. Pour ma part, par exemple, c'est un soulagement que j'éprouve à exécuter une peinture."

Vincent Van Gogh (1853-1890)

"Arrivé au musée il passa la plus longue durée de son temps devant "La fiancée juive", de laquelle il ne pouvait pas se détacher"

"la fiancée juive" - Rembrandt

"Ma palette est en train de dégeler" écrit-il à Théo... il commence le périple qui le conduira vers "le japon", jusqu'à l'extrême-orient de la lumière et de la couleur".

"Quelques semaines avant son départ il peint une nature morte, cette toile est une oeuvre clé au tournant non seulement de la carrière, mais de l'esprit et de la vie de Vincent".

 "La bible ouverte" - Vincent Van Gogh

"une bible ouverte au verset d'Isaîe qui exalte les souffrances et la réhabilitation finale du serviteur de Dieu,  et un roman français moderne "la joie de vivre" de Zola"

"ainsi est illustrée de façon saisissante le passage chez Van Gogh des ténèbres à la lumière, de "Sorrow" à la joie"

"Sorrow" - Vincent Van Gogh

Si "Les mangeurs de pomme de terre" compose la synthèse de la période hollandaise, "la bible ouverte" en constitue un testament."

"Les mangeurs de pomme de terre" - Vincent Van Gogh

Modelage argile blanche finition cire naturelle

Enfin cuite ! Elle était terminée depuis plusieurs semaines, mais pour la cuisson je dépends de l'atelier, il faut que le four soit plein.

Samedi dernier en sortant de mon atelier de modelage, il y avait ce livre sur un présentoir dans le petit magasin de presse devant lequel je passe. Il y a longtemps que j'ai envie de l'édition complète des lettres de Van Gogh, c'est bien de lire une bibliographie en attendant. Celle-ci date de 1964. 

(Après une visite au blog de Jon "the road from Tarascon")

"Rousse" dit aussi "La toilette" - Toulouse lautrec

C'est un tableau vraiment interessant à regarder. Pour mieux en voir tous les aspects j'ai fait des retouches avec le logiciel photofiltre. A chaque fois ce sont des retouches simples, sans modification. Cela permet de regarder plus attentivement tel ou tel aspect de l'oeuvre. Composition, placement des valeurs, des couleurs, des volumes...

C'est en tout petit qu'on apprécie le mieux la composition, le placement des formes et des valeurs.

La transformation "sanguine" : je remarque la composition en triangle. Le tableau est coupé en deux par une diagonale qui va de gauche à droite en partant du haut, avec des valeurs claires à gauche en bas et des valeurs foncées en haut à gauche.  Une tâche claire dans le foncé (en haut à droite) et une tâche foncée dans le clair (à gauche de l'épaule gauche) s'équilibrent mutuellement.

Deux transformations successives : "noir et blanc" et "négatif". Le fait d'inverser le noir et le blanc me permet de mieux percevoir les valeurs. Le dos est très clair, le pied droit et la chevelure sont très foncés. On voit clairement le triangle formé par le corps. Ce triangle ressort sur le fond, par sa forme et par ses valeurs, qui sont les plus claires (dos) et les plus foncées (tête, pied) du tableau.

Transformation "contours encrés". Elle montre la façon dont les traits participent à la composition. Le parquet en haut à droit qui part en diagonale, la forme triangulaire sous le bras droit, petit triangle à l'intérieur du plus grand triangle du corps. On voit l'utilité de la bassine près du visage. En couleur et valeur elle fait contrepoids au tissu posé sous les fesses. Elle isole le visage des traits en diagonale du parquet.

Transformation "papier gaufré"

Transformation "photocopie". Je remarque la zone très foncée en bas à droite, qui fait contrepoids à la chevelure. La tête est dans la partie gauche et haute du tableau, si elle était restée seule foncée dans le tableau, il aurait été déséquilibré. Le siège en osier répond au corps. Forme négative triangulaire et forme en arrondi rappelant l'épaule.

Transformation "estampage". Elle donne une vision interessante, en donnant une impression de relief en creux. Elle permet d'apprécier les traits. On voit clairement le modelé donné au corps, au dessous de la jambe, au dessous des cheveux.

Là c'est la transformation "raviver les couleurs". Je vois les tons chauds et les tons froids plus clairement. La palette est limitée en nombre de couleurs. Des bleus verts, des bleus-rouges (violets). Des jaunes-rouges, des bruns-rouges.

La transformation "aérographe" montre mieux le placement des couleurs dans la composition. Le corps semble être dans l'eau, alors qu'en fait la femme est assise sur le parquet. C'est le choix des couleurs qui induit cette impression. La peau et les cheveux sont mis en valeur par leur environnement. La vision plongeante sur le dos et la tête accentue cette mise en valeur.

Transformation "étalement". L'impression d'eau est accentuée. Cette fois on dirait que la femme est assise dans la nature. Choix des couleurs, encore.

Transformation "pointillisme"

Transformation "couteau à palette"

Transformation "1 pixel sur 2". Ce n'est pas encore conforme à ma vision personnelle, mais ça s'en approche. Vers une abstraction, une simplification des formes. Conserver les contours, avoir une palette restreinte. Si je devais peindre mon interprétation, j'irais dans cette direction. Cernes des formes, peu de couleurs, tons lumineux.

Pour le plaisir et parce qu'elle est belle. Une dernière transformation, qui s'appelle "reflet dans l'eau"... Je reste là dessus, finalement, la voilà mon interprétation :-)

"La rousse" est décidemment un chef d'oeuvre.

Si un oeil plus averti que le mien passe par ici et a vu quelque chose qui m'a forcément échappé, merci de compléter l'article par un comm ;)