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28 juin 2013

Picasso - Propos sur l'Art - 6

Laisser respirer la couleur :

"Dans l'oeuvre de Matisse, quand on trouve trois tons, côte à côte -par exemple un vert, un mauve et un turquoise- leur rapport est heureux et détermine une résultante qui est la couleur. Vous l'avez entendu dire " il faut laisser à chaque ton sa zone d'expansion." Là-dessus, je suis absolument d'accord avec lui ; chaque ton émet une onde qui se propage. Si l'on tente de le contenir à l'intérieur d'un graphisme noir, par exemple, on l'annihile, en tout cas sur le plan pictural : on détruit son rayonnement. Il faut ménager des intervalles. Une couleur n'a pas besoin d'avoir une forme définie. Ce n'est même pas désirable. Quand elle atteint un point un peu au-delà de ses limites, elle s'irradie jusqu'à la zone neutre, et l'autre teinte la rejoint au bout de sa course. A ce moment-là, on peut dire que la couleur respire. Matisse peint ainsi."

 

matisse dishes-and-fruit-on-a-red-and-black-carpet-1901Matisse

 

Portrait :

"Un artiste n'est pas aussi libre qu'on pourrait le croire. C'est vrai aussi pour les portraits que j'ai faits de Dora Maar. Pour moi, c'est une femme qui pleure. Pendant des années, je l'ai peinte en formes torturées, non par sadisme ou par plaisir. Je ne faisais que suivre la vision qui s'imposait à moi. C'était la réalité profonde de Dora. Vous voyez, un peintre a des limites, et ce ne sont pas toujours celles qu'on imagine."

 

PortraitDeDoraMaar-37-061Picasso- portrait de Dora Maar

"Il y a une revanche des choses... A force de peindre les visages par l'intérieur, il m'est impossible de n'être plus qu'un portraitiste. D'ailleurs, je ne peux pas faire le portrait de n'importe qui... Il y a longtemps que je ne prends plus de "modèles " au sens où les gens l'entendent."

1898 Portrait de Josefa Sabastia Membrado Picasso - 1898 Portrait de Josefa Sabastia Membrado

1915 Portrait de Max JacobPicasso - Portrait de Max Jacob - 1915

1919 Portrait d'André DerainPortrait d'André Derain - Picasso 1919

 

Cheminement de la pensée :

"Ma pensée, quand je peins, est souvent une suite de coq-à-l'âne, une série de sauts d'un sommet à l'autre."

 

Expériences :

"Mon atelier, c'est une sorte de laboratoire. Comme dans toutes les expériences, il y en a qui réussissent et d'autres qui ratent. Les gens veulent tout... Pour aimer ma peinture, il faut vraiment qu'ils soient masochistes... Il y a des jours où je me dis que, dans toutes ces recherches, j'ai traîné mon talent dans la boue. Il se trouve que mes tableaux sont jolis ou qu'on les trouve tels. Tant mieux. L'intéressant, c'est leur création, l'addition de chaque ligne, le passage d'un état à un autre. C'est la peinture, en même temps poème et philosophie."

 

Emotion :

"Un tableau est destiné à faire naître des émotions dans l'âme de celui qui regarde. Il ne faut pas qu'un homme reste indifférent devant une oeuvre d'art, qu'il passe en jetant un coup d'oeil négligent... il faut qu'il vibre, s'émeuve, crée à son tour, par l'imagination sinon effectivement... Le spectateur doit être arraché de sa torpeur, secoué, pris à la gorge, qu'il prenne conscience du monde dans lequel il vit et, pour cela, il faut d'abord l'en sortir..."

1915_1918_Crucifixion

Monde extérieur (à propos d'avoir peint peu de paysages) :

"Je n'ai jamais rien vu... J'ai toujours vécu en moi."

paysagePicasso - paysage - 1904

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28 juin 2013

Picasso - Propos sur l'Art - 5

Formes suggérées :

"Il me semble étrange qu'on soit venu à faire des statues en marbre... Je comprends qu'on puisse voir quelque chose dans une racine d'arbre, une lézarde de mur, dans une pierre corrodée, un galet... Mais le marbre ? Il se détache en bloc, ne propose aucune image... il n'inspire pas... Comment Michel-Ange pouvait-il voir son David dans un bloc de marbre ? Si l'homme est venu à fixer des images, c'est qu'il les découvrait autour de lui presque formées, déjà à portée de sa main. Il les voyait dans un os, dans la bosselure d'une caverne, dans un morceau de bois... Une forme lui suggérait la femme, l'autre un bison, une autre encore la tête d'un monstre."

venueaugaz

Picasso - la vénus du gaz
Cette vénus à l'allure primitive est en fait réalisée avec la seule aide d'un bruleur d'un fourneau au gaz , il est simplement dressé à la verticale.

 

"Devinez comment j'ai fait cette tête de taureau ? Un jour, j'ai trouvé dans un tas d'objets pêle-mêle une vieille selle de vélo juste à côté d'un guidon rouillé de bicyclette... En un éclair ils se sont associés dans mon esprit... L'idée de cette Tête de taureau m'est venue sans que j'y aie pensé... Je n'ai fait que les souder ensemble... Ce qui est merveilleux dans le bronze, c'est qu'il peut donner aux objets les plus hétéroclites une telle unité qu'il est parfois difficile d'identifier les éléments qui l'ont composé. Mais c'est aussi un danger : si l'on ne voyait plus que la tête de taureau et non la selle de vélo et le guidon qui l'ont formée, cette sculpture perdrait de son intérêt."

 

sellePicasso - Tête de taureau - assemblage selle et guidon de vélo

 

Comment naissent les idées :

"Je n'en sais rien... Les idées ne sont que de simples points de départ... C'est rare que je puisse les fixer telles qu'elles viennent à mon esprit. Aussitôt que je me mets à travailler, d'autres surgissent sous ma plume... Pour savoir ce qu'on veut dessiner, il faut commencer à le faire... S'il surgit un homme, je fais un homme... S'il surgit une femme, je fais une femme...

Ce que je veux saisir, malgré ma volonté, m'intéresse plus que mes idées..."

 

Variations :

On ne peut vraiment suivre l'acte créateur qu'à travers la série de toutes les variations."

 

Le sens de l'Art :

"Quand j'ai découvert l'Art africain, et que j'ai peint ce qu'on appelle mon époque africaine, c'était pour m'opposer à ce qu'on appelait "beauté" dans les musées... J'ai examiné ces masques, tous ces objets que des hommes avaient exécutés dans un dessein sacré, magique, pour qu'ils servent d'intermédiaires entre eux et les forces inconnues, hostiles, qui les entouraient, tâchant ainsi de surmonter leur frayeur en leur donnant couleur et forme. Et alors j'ai compris que c'était le sens même de la peinture. Ce n'est pas un processus esthétique ; c'est une forme de magie qui s'interpose entre l'univers hostile et nous, une façon de saisir le pouvoir, en imposant une forme à nos terreurs comme à nos désirs. Le jour où je compris cela, je sus que j'avais trouvé mon chemin."

artMasque Senoufo

 

Art autobiographique :

"Je peins comme d'autres écrivent leur autobiographie. Mes toiles, finies ou non, sont les pages de mon journal, et en tant que telles, elles sont valables. L'avenir choisira les pages qu'il préfère. Ce n'est pas à moi de faire le choix. J'ai l'impression que le temps passe de plus en plus rapidement. Je suis comme un fleuve qui continue à couler, roulant avec lui les arbres déracinés par le courant, les chiens crevés, les déchets de toute sorte et les miasmes qui y prolifèrent. J'entraîne tout cela et je continue. C'est le mouvement de la peinture qui m'intéresse, l'effort dramatique d'une vision à l'autre, même si l'effort n'est pas poussé jusqu'au bout... J'ai de moins en moins de temps, et de plus en plus à dire. J'en suis arrivé au moment, voyez-vous, où le mouvement de ma pensée m'intéresse plus que ma pensée elle-même."

 

Etat second :

"Pendant que je travaille, je laisse mon corps à la porte, dans cet état, le corps existe de façon purement végétative."

 

Formes négatives :

"Si l'on s'occupe de ce qui est plein, c'est-à-dire de l'objet en tant que forme positive, l'espace tout autour se réduit à presque rien. Sommes-nous plus intéressés par ce qui se passe à l'intérieur ou à l'extérieur d'une forme ? Quand on regarde les pommes de Cézanne, on voit qu'il a peint merveilleusement le poids de l'espace sur cette forme circulaire. La forme elle-même est un volume creux, sur lequel la pression extérieure est telle qu'elle produit l'apparence d'une pomme, même si celle-ci n'existe pas vraiment. C'est la poussée rythmique de l'espace sur cette forme qui compte."

1007511-Paul_Cézanne_Pommes_et_orangesPommes et oranges - Paul Cézanne

28 juin 2013

Baudelaire, la vie antérieure

vie_ant_rieure

J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.

27 juin 2013

Picasso - Propos sur l'Art - 4

"Mes plus pures émotions, je les ai éprouvées dans une grande forêt d'Espagne, où, à seize ans, je m'étais retiré pour peindre."

"Mes plus grandes émotions artistiques, je les ai ressenties lorsque m'apparut soudain la sublime beauté des sculptures exécutées par les artistes anonymes de l'Afrique. Ces ouvrages d'un religieux, passionné et rigoureusement logique, sont ce que l'imagination humaine a produit de plus puissant et de plus beau."

Nok_sculpture_Louvre_70-1998-11-1Homme Nok

"Un artiste digne de ce nom doit donner aux objets qu'il veut représenter le plus de plasticité possible. Ainsi doit-on représenter une pomme : si l'on trace un cercle, on figurera le premier degré de plasticité du modèle. Il est possible cependant que l'artiste veuille amener son oeuvre à un degré de plasticité plus élevé et qu'alors l'objet à représenter finisse par figurer sous la forme d'un carré ou d'un cube qui ne seront nullement la négation du modèle."

Makonde_elephantElephant Makonde

"Pourquoi croyez vous que je date tout ce que je fais ? C'est qu'il ne suffit pas de connaître les oeuvres d'un artiste. Il faut aussi savoir quand il les faisait, pourquoi, comment, dans quelles circonstances."

A propos de l'art abstrait :

"Vous avez bien fait d'avoir photographié ça... Car cela montre bien la nature et les limites de l'art abstrait... Ces coups de pinceaux (grands coups de pinceaux donnés pour effacer des graffitis) sont très beaux... Mais c'est une beauté naturelle... Des traits de pinceaux qui n'ont aucune signification ne feront jamais un tableau. Moi aussi, je donne des coups de pinceaux et parfois on dirait même que c'est de l'abstrait... Mais ils signifient toujours quelque chose : un taureau, une arêne, la mer, la montagne, la foule... Pour arriver à l'abstraction, il faut toujours commencer par une réalité concrête..."

A propos de graffitis (visages gravés faits de deux ou de trois trous dans un mur) :

"De semblables visages, j'en ai fait souvent moi-même. Ceux qui les gravent vont d'emblée aux signes. L'art est le langage des signes. Quand je prononce "homme", j'évoque l'homme ; ce mot est devenu le signe de l'homme. Il ne le représente pas comme pourrait le faire la photographie. Deux trous, c'est le signe du visage, suffisant pour l'évoquer sans le représenter... Mais n'est-il pas étrange qu'on puisse le faire par des moyens aussi simples ? Deux trous, c'est bien abstrait si l'on songe à la complexité de l'homme... Ce qui est le plus abstrait est peut-être le comble de la réalité..."

"Regardez ces yeux... Ce sont tous des trous profonds creusés dans le mur. Or certains semblent être bombés, comme s'ils étaient en relief. D'où ça vient ? Ce n'est pas un effet d'optique ; nous voyons bien que ce sont des trous. Notre savoir influence notre vision."

1934 sculpture en plâtrePicasso - 1934

Spontanéité - Premier jet :

"Je ne veux pas gâter la première fraîcheur de mon oeuvre... S'il m'était possible, je la laisserais telle quelle, quitte à recommencer et l'amener à un état plus avancé sur une autre toile. Puis j'agirais de même avec celle-ci... Il n'y aurait jamais une toile "achevée", mais les différents "états" d'un même tableau qui disparaissent d'habitude au cours du travail... Achever, exécuter n'ont-ils pas, d'ailleurs, un double sens ? Terminer, finir, mais aussi mettre à mort, donner le coup de grâce ? Si je peins tant de toiles, c'est que je cherche la spontanéité et, ayant exprimé avec quelque bonheur une chose, je n'ai plus le courage d'y ajouter quoi que ce soit..."

"Matisse fait un dessin, puis il le recopie... Il le recopie cinq fois, dix fois, toujours en épurant son trait... Il est persuadé que le dernier, le plus dépouillé, est le meilleur, le plus pur, le définitif ; or, le plus souvent c'était le premier... En matière de dessin, rien n'est meilleur que le premier jet."

 

Réalisme - Photographie :

"Quand on voit ce que vous exprimez par la photo, on se rend compte de tout ce qui ne peut plus être le souci de la peinture... Pourquoi l'artiste s'obstinerait-il à rendre ce que à l'aide de l'objectif on peut fixer si bien ? Ce serait une folie, n'est-ce pas ? La photographie est venue à point nommé pour libérer la peinture de toute littérature, de l'anecdote et même du sujet. En tout cas, un certain aspect du sujet appartient désormais au domaine de la photographie... Les peintres ne devraient-ils pas profiter de leur liberté reconquise pour faire autre chose ?"

26 juin 2013

Rencontre inattendue

J'ai fait en janvier 2012, d'imagination, une toute petite statuette que j'ai appelée "l'Oiseau" :

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"L'Oiseau", parce que cela représente l'envol d'un enfant devenu grand.

Aujourd'hui, dans le mail d'une amie (qui ne connaît pas ma statuette), dans un de ces fichiers de photographies qui circule sur internet, il y avait ceci :

femme

La même posture, le même geste. Mais les oiseaux... bah ils ne partent pas, ils vont, ils viennent...

Vous voyez la différence ? Tout est dans la direction du regard de la femme, l'inclinaison de la tête. Cela suffit pour tout changer :-)

Etonnant, non ? Un sacré clin d'oeil ! Mais de qui ?

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26 juin 2013

Picasso - Propos sur l'Art -3

"Dire que je n'ai jamais pu faire un tableau ! Je commence dans une idée, et puis, ça devient tout autre chose."

"On ne sait jamais ce que l'on va faire. On commence un tableau et ça devient quelque chose de tout à fait différent. C'est curieux combien le vouloir de l'artiste compte peu. C'est embêtant : on a toujours à côté de soi un amateur qui vous dit : "Je n'aime pas ça." Ou : "Ce n'est pas comme ça que ça devrait être." Il s'accroche aux pinceaux qui deviennent lourds, lourds... Il n'y connaît rien, mais il est toujours là."

"Les tableaux ne sont que recherche et expériences.

Je ne fais jamais un tableau comme un oeuvre d'art. C'est toujours une recherche. Je cherche constamment, et il y a un enchaînement logique dans toute cette recherche. C'est pourquoi je les numérote. Je les numérote et je les date."

"Le rythme est une perception du temps. La répétition du motif dans cette chaise en osier est un rythme. La fatigue de la main lorsqu'on dessine est un rythme."

"Une peinture n'existe pas - elle ne peut être un simple objet matériel. Une peinture est une machine à imprimer la mémoire. Le collectionneur qui l'achète n'achète pas un objet. Il achète quelque chose d'intangible, et un beau jour il se réveille avec seulement un cadre autour d'un espace invisible."

"Pour moi chaque tableau est une étude. Je me dis : je vais un jour le finir, en faire une chose finie. Mais dès que je commence à le finir, il devient un autre tableau et je crois que je vais le refaire. Et c'est toujours quelque chose d'autre à la fin. Si j'y retouche, j'en fais un nouveau tableau."

"Les accidents (en regardant un tableau), essayez de les changer - c'est impossible. L'accidentel révèle l'homme."

"La période bleue n'était pas une question de lumière ou de couleur. C'était une nécessité intérieure de peindre ainsi."

A propos du cubisme : "J'ai vu que tout avait été fait. Il fallait rompre pour faire sa révolution et repartir de zéro. Je me suis obligé à aller vers le nouveau mouvement. Le problème est comment passer, contourner l'objet et donner une expression plastique au résultat." "Tout ceci est ma lutte pour rompre avec l'aspect bidimensionnel."

"La peinture est une chose de l'intelligence. On le voit dans Manet. On voit l'intelligence dans chacun des coups de pinceau de Manet, et l'action de l'intelligence est visible dans le film sur Matisse, lorsqu'on regarde Matisse dessiner, hésiter, puis commencer à exprimer sa pensée avec une touche assurée."

"Retomber, vivre sur soi-même, se retirer est stérile. La communication avec l'extérieur est féconde."

25 juin 2013

Picasso - Jeu de l'esprit - Poésie graphique

"Un atelier de peintre doit être un laboratoire. On n'y fait pas un métier de singe, on invente. la peinture est un jeu de l'esprit."

portrait-of-marie-thérèse-walter-1937-1Portrait de Marie Thérèse Walter - Picasso -1937

"Je ne cherche rien, je ne m'emploie qu'à mettre le plus d'humanité possible dans mes tableaux. Tant pis si cela offense quelques idolâtres de l'effigie humaine conventionnelle. Ils n'ont d'ailleurs qu'à se regarder un peu plus attentivement dans une glace... Qu'est-ce qu'un visage, au fond ? sa photo ? son maquillage ? Ou le visage comme l'a représenté tel ou tel peintre ? Ce qui est devant ? dedans ? derrière ? Et le reste ? Chacun, ne le voit-il pas à sa façon ? Il n'existe guère de déformations. Daumier et Lautrec voyaient le visage autrement qu'Ingres ou Renoir, c'est tout. Moi, je le vois ainsi... Or, je ne peins que ce que je vois. Je l'ai vu, je l'ai senti, peut-être différemment à d'autres époques de ma vie, mais je n'ai jamais peint que ce que j'ai vu et senti. La façon de peindre d'un peintre, c'est comme son écriture pour les graphologues. C'est l'homme tout entier qui est dedans. Le reste, c'est de la littérature, l'affaire des commentateurs, de la critique. Cela ne regarde plus le peintre."

1913 Violon, bouteille et cartes à jouer sur une table rondeViolon, bouteille et cartes à jouer sur une table ronde - Picasso - 1913

"Voyez ces dessins : ce n'est nullement parce que j'ai voulu les styliser qu'ils sont devenus ce qu'ils sont. C'est tout simplement le superficiel qui est parti de lui-même. Je n'ai rien recherché "exprès"... Evidemment, pour cela il n'y a pas d'autre clef que celle de la poésie... Si les lignes et les formes riment et s'animent, c'est à l'instar d'un poème. Pour cela, il n'y a pas besoin de beaucoup de mots. Il y a parfois dans deux ou trois lignes bien plus de poésie que dans un très long poème."

24 juin 2013

Picasso - le trait juste

1897-1899 L'artiste dessinant et études de mains

Tracer d'observation - trait maîtrisé, direct, concentré et exact.

1899 Femme nue cachant son visage

Trait affirmé, réduit à l'essentiel, pureté et simplicité des formes, représenter l'idée.

1900-1901 Homme assis à la canne et masque

Trait sensible et varié, trait expressif, qui s'adapte au sujet et devient le sujet.

1901 Etreinte

Trait qui réfléchit et qui cherche, qui inscrit le trajet de la pensée, qui cerne l'idée et la sensation et s'en approche au plus près possible.

1912-1913 Tête de femme

Trait qui s'amuse avec les formes, les lignes et les points. Et qui demeure expressif, malgré tout. Délivrer quelque chose de complexe - une personnalité - une expression - un sentiment - à partir de signes simples. Abstraire/réduire et tout en réduisant, développer. 

1917-1919 Autoportrait

Trait juste et vrai, réduit à l'essentiel

1918 Coq

Trait calligraphique, signe graphique. 

Ne pas représenter le réel, mais le "sur-réel". Au delà d'un coq, tous les coqs. Au delà de l'enveloppe extérieure des amoureux, l'étreinte, au delà du visage, l'âme.

"En peinture tout n'est que signe"

Je tiens à la ressemblance plus profonde, plus réelle que le réel, atteignant le sur-réel... à vrai dire, il ne s'agit que de signes. On est convenu que tel signe représente un arbre, tel autre, une maison, un homme, une femme : tout comme dans le langage, le mot "homme" évoque dans notre esprit l'image d'un homme, le mot "maison", une maison, et cela dans toutes les langues, bien que, dans chaque langue, le mot varie. c'est une convention établie, on communique par l'usage de ces signes."

"Rien n'est plus difficile qu'un trait. Personne ne sait combien il faut penser un trait."

23 juin 2013

Art Brut

23 juin 2013

Picasso - Propos sur l'Art -2

"L'artiste est un réceptacle d'émotions venues de n'importe où : du ciel, de la terre, d'un morceau de papier, d'une figure qui passe, d'une toile d'araignée. C'est pourquoi il ne faut pas distinguer entre les choses. Pour elles il n'y a pas de quartiers de noblesse."

1918-1919 La salle à manger de l'artiste, rue La Boëtie

"Le peintre subit des états de plénitude et d'évacuation. C'est là tout le secret de l'art. Je me promène dans la forêt de Fontainebleau. J'y attrape une indigestion de vert. Il faut que j'évacue cette sensation sur un tableau. Le vert y domine. Le peintre fait de la peinture, comme un besoin urgent de se décharger de ses sensations et de ses visions."

 house-in-the-garden-1908

"Les hommes font tout à leur image, depuis Dieu jusqu'au tableau."

"Ce n'est pas ce que l'artiste fait qui compte, mais ce qu'il est... Ce qui nous intéresse, c'est l'inquiétude de Cézanne, c'est l'enseignement de Cézanne, ce sont les tourments de Van Gogh, c'est-à-dire le drame de l'homme. Le reste est faux."

1 Période Bleue, Les pauvres au bord de la mer, 1903

"Je ne vois pas pourquoi tout le monde s'occupe d'art, lui demande des comptes, et à son sujet laisse libre cours à sa propre sottise. Les musées sont autant de mensonges, les gens qui s'occupent d'art sont pour la plupart des imposteurs... Nous en avons fait (des tableaux) de pauvres choses ridicules. Nous sommes attachés à des mythes au lieu de sentir ce qu'il y avait de vie intérieure chez les hommes qui les ont faits."

"Tout le monde veut comprendre la peinture. Pourquoi n'essaie-t-on pas de comprendre le chant des oiseaux ? Pourquoi aime-t-on une nuit, une fleur, tout ce qui entoure l'homme sans chercher à les comprendre ? Tandis que pour la peinture, on veut comprendre. Qu'ils comprennent surtout que l'artiste oeuvre par nécessité ; qu'il est, lui aussi, un infime élément du monde, auquel il ne faudrait pas prêter plus d'importance qu'à tant de choses de la nature qui nous charment mais que nous ne nous expliquons pas. Ceux qui cherchent à expliquer un tableau font la plupart du temps fausse route."

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"Que croyez-vous que soit un artiste ! Un imbécile qui n'a que des yeux s'il est peintre, des oreilles s'il est musicien ou une lyre à tous les étages du coeur s'il est poète, ou même , s'il est un boxeur, seulement des muscles ? Bien au contraire, il est en même temps un être politique, constamment en éveil devant les déchirants, ardents ou doux évènements du monde, se façonnant de toute pièce à leur image. Comment serait-il possible de se désintéresser des autres hommes, et, en vertu de quelle nonchalance ivoirine, de se détacher d'une vie qu'ils vous apportent si copieusement ! Non, la peinture n'est pas faite pour décorer les appartements. C'est un instrument de guerre offensive et défensive contre l'ennemi."

guernicaGuernica - Picasso - 1937 - 349 cm x 766 cm

En 1937, L’Espagne est en guerre civile. Les troupes du général Franco, opposées aux républicains, s’allient à Hitler et l’Allemagne nazie. Le lundi 26 avril 1937, jour de marché, cinq escadrilles d’avions allemands, escortées par des bombardiers italiens et des avions de chasse, procèdent au bombardement de la ville afin de tester leurs nouvelles armes. L’attaque commence à 16 h 30, aux bombes explosives, puis à la mitrailleuse, et enfin aux bombes incendiaires. Après avoir lâché quelque cinquante tonnes de bombes incendiaires, les derniers avions quittent le ciel de Guernica vers 19 h 40. Après le massacre, 20 % de la ville est en flammes, et l’aide des pompiers s’avérant inefficace, le feu se propage à 70 % des habitations.

le charnierLe Charnier - Picasso - 1945

L’humanité toute entière est témoin de la libération des camps.

 1951 massacre en coréeMassacre en Corée - Picasso - 1951

Le 25 juin 1950, 7 divisions nord-coréennes franchissent le 38e parallèle et lancent à l'assaut 90 000 hommes et plus de 150 chars, appuyés par 1700 pièces d'artillerie et 200 avions. En face, la République de Corée n'aligne que 4 divisions, aussi mal équipées que mal préparées; en deux jours, Séoul tombe, et en une semaine plus de 34 000 soldats - un tiers des forces du jeune Etat - sont tombés, faits prisonniers ou disparus. C'est le début de la guerre de Corée, le premier conflit de haute intensité de la guerre froide et la première intervention des Nations-Unies fondées trois ans auparavant.

Dans l'attente de renforts en hommes, armes et munitions, les premières unités américaines envoyées en Corée subissent de plein fouet la déferlante communiste. un repli général est ordonné sur des positions défensives, dans le périmètre de Pusan.

Lorsque les Nord-Coréens attaquent ce périmètre en franchissant le fleuve Natkong, le 4 août, plus de 80% du territoire sont entre leurs mains, et les Forces armées américaines ont effectué en un mois une retraite de près de 300 km, en contact permanent ou presque avec l'ennemi, et au milieu d'innombrables réfugiés. C'est durant cette période que des atrocités auraient été commises par ces troupes, dont des centaines de civils sud-coréens seraient victimes.

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