Encore un petit noir
Le musée d'Orsay
Il faut que je parle de ma petite visite à un musée que je voulais voir depuis longtemps, le musée d'Orsay.
J'en connais tellement les tableaux d'avance que j'ai l'impression de retrouver de vieux amis. La salle est très belle, comme une oeuvre en elle-même.
Les salles latérales donnent l'intimité qui ne se trouve pas dans la travée centrale, si majestueuse qu'elle en serait écrasante.
Dans la quasi pénombre des petites salles les tableaux semblent éclairer de leur propre lumière et se révèlent les trésors qu'ils sont.
J'aime moins la grande salle du cinquième étage, toute en longueur, elle aligne les chefs d'oeuvre et les rend plus humbles.
Je visite rapidement, je suis déjà fatiguée par la balade faite avant d'arriver. La Madeleine, le Louvre, le jardin des Tuileries, les manèges avec les gens la tête en bas, le pont de Solférino et son impressionnante collection de cadenas, pris comme étrange symbôle de l'amour. "Cadenasser : Emprisonner quelqu'un, le tenir séquestré, l'enfermer dans un lieu clos." (dictionnaire Larousse). J'aurais préféré des ballons, je les imagine retenus aux balustrades par leur ficelle, dansant dans le vent. Dommage que le premier couple à avoir lancé la mode n'ai pas opté pour cette solution plus romantique.. et plus légère. Tous les autres auraient suivi.
En parlant de troupeau, à l'intérieur du musée il y a du monde mais pas trop. Personne par rapport à l'affluence des grands jours je suppose. Pas au point que ça soit gênant.
J'ai un petit coup au coeur en entrant dans la première salle, mais qui passe aussitôt. L'émotion n'est pas au rendez-vous autant que j'aurais pu l'espérer.
Je cherche les tableaux de Van Gogh, et je vais mettre du temps à les trouver. Le musée est plein de recoins. C'est lui le vieil ami que je suis venue voir. Comme s'il y avait un lien entre nous qu'il n'y a pas entre lui et les autres visiteurs. Comme si je le connaissais personnellement. Et ses oeuvres sont telles que je les "connais". Mais en plus. Les couleurs plus vives, l'effet plus lumineux, et quelque chose que je savais sans l'avoir vu : la rapidité d'execution, qui se révèle dans les touches. Elles sont faites dans une première intention. Clac. Comme un coiffeur qui couperait d'un coup toute la chevelure en l'empoignant dans une main. Pas de petits coups de ciseaux à droite à gauche pour arriver progressivement à la bonne longueur. C'est énergique, c'en est violent, cette façon de faire, directement. Je suppose que Mozart ça lui venait comme ça aussi. Direct. Je vois la petite chambre, tellement plus gaie que les photos que j'en ai vues, l'église d'Auvers, plus grande. Est-ce que ce sont des copies, on est tellement proche des tableaux qu'on pourrait les toucher. Un visiteur tend un doigt, j'ai cru qu'il allait le faire. J'ai vu quelque part, dans un documentaire ? que les oeuvres sont protégées par un verre. Pas toutes cependant, visiblement.
Dans la grande salle en enfilade je m'arrête devant la Pie. Elle est stupéfiante. La lumière émane d'elle et on est magiquement transporté dans le paysage l'espace d'un instant. D'autres grands classiques sont décevants. Je me dis que le prix des oeuvres n'a rien à voir avec la valeur que je leur prête. Si je voyais certains d'entre eux dans un vide grenier je n'en voudrais pas si on me les donnait. Aaah... la Pie par contre, est inestimable. C'est un objet vraiment magique.
Je parcours les salles, il y a des escaliers partout. Comment font les gens en fauteuil ?
Je suis touchée par le portrait d'un jeune homme d'Hawhins. Son regard me retient longtemps. Je suis décidemment sensible aux visages, aux regards.
Les gens font des photos sans arrêt. Ils approchent et clac c'est dans la boite. Ils ne prennent pas le temps de regarder, ils prennent. Ils regarderont la photo après ? Quel intérêt puisque justement l'intérêt est de voir l'oeuvre en vrai.
Moi j'aimerais prendre une chaise et stationner devant chaque tableau et ça ne suffirait pas encore pour le voir. Je passe tout aussi vite que tout le monde. Nous zappons, tous. Je passe devant les pointillistes. Ils ne me touchent pas. Je vois de la fadeur dans certains tableaux, des couleurs trop fortes dans d'autres. Je regarde, je juge tout ce qui ne provoque pas d'émotion en moi. Automatiquement. Juger classer. J'aime, j'aime pas. L'émotion quand elle est là est appréciable. Elle prend des visages multiples.
Je suis intéressée par la Nature qui se dévoile à la science avec sa robe à la pierre multicolore et je suis attendrie par l'Aurore. Je vois bien la lumière de l'aube, douce et timide, telle que l'a vue l'Artiste.
Je suis frappée par ce qui se dégage du Voyageur de Meissonnier. Le cheval et le cavalier qui affrontent le vent.
L'ours de Pompon malgré sa taille... et toutes ses sculptures de plus petite taille.... je trouve qu'elles manquent de force.
Ce n'est pas le cas du Lion.
Je ne vois pas le quart de la moitié de tout ce qu'il y a à voir. Pour cela il ne faudrait pas avoir besoin de s'assoir, il faudrait un corps qui se laisse oublier, il faudrait être comme ce couple de jeunes gens en pleine forme. Mais eux ils sont tellement absorbés par leur conversation qu'il ne voient absolument rien. Ils marchent d'un pas très lent, ils déambulent comme dans un lieu de promenade, ils ne regardent rien.
Dans les musées il y a aussi le vivant à regarder. La salle où se trouve l'Origine du monde... il faudrait mettre une caméra pour fixer les réactions des gens quand leur regard tombe sur cette touffe de poil impudique qui s'exhibe face à la porte. J'ai vu des jeunes filles pouffer de rire, des regards qui fuient, gênés, j'ai vu le regard glacé et presque plein de haine d'un homme quand ses yeux sont tombés sans s'y attendre sur le tableau.
Je me suis approchée pour le regarder. Ne pas l'éviter du regard, mais ne pas le fixer trop longtemps. Comme tout ce qui gêne finalement. Comme une personne en fauteuil.
Gênée bien sûr. Comment peut-on ne pas se sentir voyeur quand on regarde un sexe plein cadre ? Bizarrement ça me fait penser aux femmes voilées. Elles ne montrent que leur visage. Eh bien ce tableau c'est l'inverse. On ne voit que le sexe et tout le reste est voilé, le visage est caché. Je pense à "La Vie d'Adèle" et à la manière désagréable qu'a le réalisateur de se concentrer maladivement sur la bouche des filles, qu'il cadre tout au long du film en gros plan au point que ça en devient gênant.
Quoi d'autre ? Les dessins de Toulouse Lautrec, des esquisses de sculptures exécutées en cire, je ne connaissais pas ces croquis en trois dimensions. Le tableau "Le Fifre", que je ne pensais pas si grand ni aussi frappant.
Je vois aussi la Rousse, dont j'ai fait une copie. Ce qui fait que je la connais dans le détail. C'est étrange de la voir en vrai.
Des portraits au visage très pâles sur fond très sombre. Les paysages impressionnistes. Ils ne me touchent pas autant que des paysages très réalistes aux ciels sublimés. Les cathédrales de Monet, réduites à leurs éclairages me paraissent trop floues. "Régates à Argenteuil" sont pâlotes, je m'approche pour regarder la touche, elle est rapide et directe comme celle de Van Gogh mais en version calme. Comme l'eau d'un lac.
On peut sortir sur la terrasse pour regarder Paris, la Seine toute proche. Un homme photographie son amie avec une tablette. Je vois son visage sur l'écran. Il aurait suffit qu'il s'écarte un peu pour avoir le Sacré Coeur sous un rayon de soleil en arrière plan. Dommage.
Il y a une expo temporaire sur l'Italie. Des vases sphériques au verre très fin, superbes. Touchants, dans leur perfection des formes et des proportions. Une composition abstraite avec trois rectangles rouges, des tableaux de personnages debouts avec la tête tournée légèrement de coté mais le regard sur nous. Quelque chose de lisse dans les contours, qui me plait sans que je sache bien le décrire.
Les salles où sont exposées les meubles Art Nouveau ont un coté inquiétant, comme si on était dans un conte. Les meubles ont quelque chose de vivant, dans la souplesse de leurs lignes végétales, dans leur taille. Ils sont immenses. Et comme figés dans l'immobilité par un sort. J'ai l'impression que la Méchante Reine des dessins animés habite ici.
Un passage par la librairie, je promène mon regard sur les ouvrages, les prend en main. Les livres aussi sont de vieux amis. Puis je sors du musée comme je sortirais d'un endroit qui m'est familier. J'ai envie d'y revenir en y amenant quelqu'un pour lui montrer mon chez moi. Et pour regarder vraiment. Là je n'ai vraiment fait que passer.
Sculpture sur tige, suite
La tige peut faire partie intégrante de la sculpture. J'ai pensé à un violoncelle. A son corps de femme. A Man Ray.
A un arbre dont la tige formerait le tronc. Tige métallique ou bois flotté, avec un oiseau d'argile posé sur une branche.
A une forme abstraite.
On peut aussi imaginer intégrer le socle à la sculpture...
S'exposer
C'est bien agréable de montrer ce qu'on fait et recevoir une écoute attentive et amicale.
Sculpture sur tige, suite.
Je pense aux problèmes techniques qui vont se poser. C'est lourd un modelage d'argile. Il faut que la pièce soit bien équilibrée pour ne pas entraîner la tige d'un coté ou de l'autre. Une affaire de centre de gravité. Il faut prévoir un socle suffisamment lourd ou suffisamment large.
Exposition 2016 : sculpture sur tige
Je commence à réfléchir au thème de l'an prochain. Une sculpture montée sur tige...
On voit souvent des mouettes. Ou des poissons. Forcément. On ne peut pas les poser sur leurs pieds. Ils flottent...
Une sculpture sur tige me fait penser à l'apesanteur.
Ou à la pesanteur...
Faut-il prendre le sujet avec gravité ou avec légereté ?
La tige peut être l'occasion de modeler un masque. J'ai dessiné celui-là à partir de la photographie d'une sculpture.
Mais c'est pas léger léger.
Il ne faudrait pas faire peur aux âmes sensibles.
Une sculpture sur tige me fait penser à un envol.
Courbes, légèreté et abandon, c'est beau comme la liberté.
Une sculpture sur tige me fait penser à un saut dans le vide, c'est énivrant comme le vertige...
Atelier de modelage et exposition des travaux des élèves 2015
Cette exposition représente une toute petite partie des travaux des élèves de l'atelier. Ce sont des pièces qui ont été faites pour l'expo, dans le thème imposé : personnages ou formes pouvant prendre place sur des marches.
On aperçoit derrière la vitrine la salle et les tables où nous modelons. L'atelier est aussi une galerie d'art. Elle expose un artiste nouveau tout les mois.
Les élèves partent en général d'une oeuvre existante qu'ils s'approprient en y apportant leur touche personnelle, plus ou moins éloignée du modèle de départ.
L'atelier propose également des cours de dessin de natures mortes et modèles vivants. J'ai flashé sur cette peinture.
Ces natures mortes ont été dessinées par l'artiste qui tient la galerie et anime les ateliers.
Un exemple d'installation à dessiner. Il y en a trois en parallèle, renouvellées périodiquement.
Le four et les pièces terminées en attente de cuisson, en phase de séchage.
Le Chardonneret
N'est-il pas étrange que j'ai acheté un rosier Goldfinch tout en ignorant la signification de ce mot, alors que j'étais en train de lire le Chardonneret ?
Tableau de Carel Fabritius 1654 - Roman de Donna Tartt 2014
"Si un tableau se fraie vraiment un chemin jusqu'à ton coeur et change ta façon de voir, de penser et de ressentir, tu ne te dis pas "Oh, j'adore cette oeuvre parce qu'elle est universelle", "j'adore cette oeuvre parce qu'elle parle à toute l'humanité". Ce n'est pas la raison qui fait aimer une oeuvre d'art. C'est plutôt un chuchotement secret provenant d'une ruelle. Psst, toi. Hé gamin, Oui toi.
Un choc cardiaque individuel.
Tu vois un tableau, j'en vois un autre, le livre d'art le place encore à un autre niveau, la dame qui achète la carte à la boutique du musée voit encore tout à fait autre chose, et je ne te parle pas des gens séparés de nous par le temps, quatre cents ans avant nous, quatre cents ans après notre disparition, cele ne frappera jamais quelqu'un de la même manière, pour la grande majorité des gens, cela ne les frappera jamais en profondeur du tout, mais un vraiment grand tableau est assez fluide pour se frayer un chemin dans l'esprit et le coeur sous toutes sortes d'angles différents, selon des modes uniques et particuliers.
A toi, à toi. J'ai été peint pour toi.
Goldfinch et Veilchenblau
Dans un des angles de la terrasse nous avions un arbre, un prunus à feuilles pourpres, qui est mort cette année. Je ne veux pas l'enlever. Nous avons acheté deux bébés rosiers lianes qui vont l'utiliser comme support. Un Goldfinch et un Veilchenblau. Leurs floraisons blanche et or et violette devraient bien s'entendre, comme l'illustre cette photo trouvée sur le net. J'aime beaucoup les rosiers lianes, leur vigueur, leur exubérance et la simplicité de leurs petites fleurs, à la floraison spectaculaire.