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21 août 2015

Le musée d'Orsay

Il faut que je parle de ma petite visite à un musée que je voulais voir depuis longtemps, le musée d'Orsay.

musee d'orsay

J'en connais tellement les tableaux d'avance que j'ai l'impression de retrouver de vieux amis. La salle est très belle, comme une oeuvre en elle-même.

salle

Les salles latérales donnent l'intimité qui ne se trouve pas dans la travée centrale, si majestueuse qu'elle en serait écrasante.

Dans la quasi pénombre des petites salles les tableaux semblent éclairer de leur propre lumière et se révèlent les trésors qu'ils sont.

J'aime moins la grande salle du cinquième étage, toute en longueur, elle aligne les chefs d'oeuvre et les rend plus humbles.

Je visite rapidement, je suis déjà fatiguée par la balade faite avant d'arriver. La Madeleine, le Louvre, le jardin des Tuileries, les manèges avec les gens la tête en bas, le pont de Solférino et son impressionnante collection de cadenas, pris comme étrange symbôle de l'amour. "Cadenasser : Emprisonner quelqu'un, le tenir séquestré, l'enfermer dans un lieu clos." (dictionnaire Larousse). J'aurais préféré des ballons, je les imagine retenus aux balustrades par leur ficelle, dansant dans le vent. Dommage que le premier couple à avoir lancé la mode n'ai pas opté pour cette solution plus romantique.. et plus légère. Tous les autres auraient suivi.

En parlant de troupeau, à l'intérieur du musée il y a du monde mais pas trop. Personne par rapport à l'affluence des grands jours je suppose. Pas au point que ça soit gênant.

J'ai un petit coup au coeur en entrant dans la première salle, mais qui passe aussitôt. L'émotion n'est pas au rendez-vous autant que j'aurais pu l'espérer.

Je cherche les tableaux de Van Gogh, et je vais mettre du temps à les trouver. Le musée est plein de recoins. C'est lui le vieil ami que je suis venue voir. Comme s'il y avait un lien entre nous qu'il n'y a pas entre lui et les autres visiteurs. Comme si je le connaissais personnellement. Et ses oeuvres sont telles que je les "connais". Mais en plus. Les couleurs plus vives, l'effet plus lumineux, et quelque chose que je savais sans l'avoir vu : la rapidité d'execution, qui se révèle dans les touches. Elles sont faites dans une première intention. Clac. Comme un coiffeur qui couperait d'un coup toute la chevelure en l'empoignant dans une main. Pas de petits coups de ciseaux à droite à gauche pour arriver progressivement à la bonne longueur. C'est énergique, c'en est violent, cette façon de faire, directement. Je suppose que Mozart ça lui venait comme ça aussi. Direct. Je vois la petite chambre, tellement plus gaie que les photos que j'en ai vues, l'église d'Auvers, plus grande. Est-ce que ce sont des copies, on est tellement proche des tableaux qu'on pourrait les toucher. Un visiteur tend un doigt, j'ai cru qu'il allait le faire. J'ai vu quelque part, dans un documentaire ? que les oeuvres sont protégées par un verre. Pas toutes cependant, visiblement.

Dans la grande salle en enfilade je m'arrête devant la Pie. Elle est stupéfiante. La lumière émane d'elle et on est magiquement transporté dans le paysage l'espace d'un instant. D'autres grands classiques sont décevants. Je me dis que le prix des oeuvres n'a rien à voir avec la valeur que je leur prête. Si je voyais certains d'entre eux dans un vide grenier je n'en voudrais pas si on me les donnait. Aaah... la Pie par contre, est inestimable. C'est un objet vraiment magique.

la pie

Je parcours les salles, il y a des escaliers partout. Comment font les gens en fauteuil ?

Je suis touchée par le portrait d'un jeune homme d'Hawhins. Son regard me retient longtemps. Je suis décidemment sensible aux visages, aux regards.

portrait_de_jeune_homme

Les gens font des photos sans arrêt. Ils approchent et clac c'est dans la boite. Ils ne prennent pas le temps de regarder, ils prennent. Ils regarderont la photo après ? Quel intérêt puisque justement l'intérêt est de voir l'oeuvre en vrai.

Moi j'aimerais prendre une chaise et stationner devant chaque tableau et ça ne suffirait pas encore pour le voir. Je passe tout aussi vite que tout le monde. Nous zappons, tous. Je passe devant les pointillistes. Ils ne me touchent pas. Je vois de la fadeur dans certains tableaux, des couleurs trop fortes dans d'autres. Je regarde, je juge tout ce qui ne provoque pas d'émotion en moi. Automatiquement. Juger classer. J'aime, j'aime pas. L'émotion quand elle est là est appréciable. Elle prend des visages multiples.

Je suis intéressée par la Nature qui se dévoile à la science avec sa robe à la pierre multicolore et je suis attendrie par l'Aurore. Je vois bien la lumière de l'aube, douce et timide, telle que l'a vue l'Artiste.

la nature se devoilant devant la science

aurore

Je suis frappée par ce qui se dégage du Voyageur de Meissonnier. Le cheval et le cavalier qui affrontent le vent.

le voyageur

L'ours de Pompon malgré sa taille... et toutes ses sculptures de plus petite taille.... je trouve qu'elles manquent de force.

ours blanc

Ce n'est pas le cas du Lion.

lion assis

Je ne vois pas le quart de la moitié de tout ce qu'il y a à voir. Pour cela il ne faudrait pas avoir besoin de s'assoir, il faudrait un corps qui se laisse oublier, il faudrait être comme ce couple de jeunes gens en pleine forme. Mais eux ils sont tellement absorbés par leur conversation qu'il ne voient absolument rien. Ils marchent d'un pas très lent, ils déambulent comme dans un lieu de promenade, ils ne regardent rien.

Dans les musées il y a aussi le vivant à regarder. La salle où se trouve l'Origine du monde... il faudrait mettre une caméra pour fixer les réactions des gens quand leur regard tombe sur cette touffe de poil impudique qui s'exhibe face à la porte. J'ai vu des jeunes filles pouffer de rire, des regards qui fuient, gênés, j'ai vu le regard glacé et presque plein de haine d'un homme quand ses yeux sont tombés sans s'y attendre sur le tableau.

Je me suis approchée pour le regarder. Ne pas l'éviter du regard, mais ne pas le fixer trop longtemps. Comme tout ce qui gêne finalement. Comme une personne en fauteuil.

origine du monde

Gênée bien sûr. Comment peut-on ne pas se sentir voyeur quand on regarde un sexe plein cadre ? Bizarrement ça me fait penser aux femmes voilées. Elles ne montrent que leur visage. Eh bien ce tableau c'est l'inverse. On ne voit que le sexe et tout le reste est voilé, le visage est caché. Je pense à "La Vie d'Adèle" et à la manière désagréable qu'a le réalisateur de se concentrer maladivement sur la bouche des filles, qu'il cadre tout au long du film en gros plan au point que ça en devient gênant.

Quoi d'autre ? Les dessins de Toulouse Lautrec, des esquisses de sculptures exécutées en cire, je ne connaissais pas ces croquis en trois dimensions. Le tableau "Le Fifre", que je ne pensais pas si grand ni aussi frappant.

le fifre

Je vois aussi la Rousse, dont j'ai fait une copie. Ce qui fait que je la connais dans le détail. C'est étrange de la voir en vrai.

rousse

Des portraits au visage très pâles sur fond très sombre. Les paysages impressionnistes. Ils ne me touchent pas autant que des paysages très réalistes aux ciels sublimés. Les cathédrales de Monet, réduites à leurs éclairages me paraissent trop floues. "Régates à Argenteuil" sont pâlotes, je m'approche pour regarder la touche, elle est rapide et directe comme celle de Van Gogh mais en version calme. Comme l'eau d'un lac.

On peut sortir sur la terrasse pour regarder Paris, la Seine toute proche. Un homme photographie son amie avec une tablette. Je vois son visage sur l'écran. Il aurait suffit qu'il s'écarte un peu pour avoir le Sacré Coeur sous un rayon de soleil en arrière plan. Dommage.

Il y a une expo temporaire sur l'Italie. Des vases sphériques au verre très fin, superbes. Touchants, dans leur perfection des formes et des proportions. Une composition abstraite avec trois rectangles rouges, des tableaux de personnages debouts avec la tête tournée légèrement de coté mais le regard sur nous. Quelque chose de lisse dans les contours, qui me plait sans que je sache bien le décrire.

Les salles où sont exposées les meubles Art Nouveau ont un coté inquiétant, comme si on était dans un conte. Les meubles ont quelque chose de vivant, dans la souplesse de leurs lignes végétales, dans leur taille. Ils sont immenses. Et comme figés dans l'immobilité par un sort. J'ai l'impression que la Méchante Reine des dessins animés habite ici.

Un passage par la librairie, je promène mon regard sur les ouvrages, les prend en main. Les livres aussi sont de vieux amis. Puis je sors du musée comme je sortirais d'un endroit qui m'est familier. J'ai envie d'y revenir en y amenant quelqu'un pour lui montrer mon chez moi. Et pour regarder vraiment. Là je n'ai vraiment fait que passer.

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Commentaires
V
Merci :-)<br /> <br /> Et pourquoi pas...
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Y
je ferais volontiers la visite de ta maison avec toi. Ta manière de raconter, c'est comme une visite, lente et reposante. Voir sans voir, à travers un autre oeil.
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J
Intéressant a entendre tes pensées/réactions! Je suis allé une fois il y a quelques années - j'ai bien aimé - on a mangé là - la salle est superbe. C'est le Rosa Bonheur et les Sorolla qui me restent en mémoire. Le Sisley que je suis allé voir était très 'décevant', mais je vois les tableaux des autres comme je vois les miens - j'ai bcp d'indulgence et je sais qu'ils et moi changent dans le temps - c'est comme des souffles - de la vie - on pense, cherche, etc...
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