Je reviens au noir, le problème avec le bleu c'est que les encres d'un feutre ou stylo plume à l'autre sont de bleus différents.

Queues de baleines et usine, la Terre nature et la Terre des hommes. Comme d'habitude c'est un dessin automatique où j'ai laissé faire ma main sans réfléchir. Ce n'est que lorsque je le scanne et que je lui cherche un nom que je vois ce que j'y ai mis. Mais vous avez toute liberté d'y voir autre chose. Donner un nom aux dessins leur ajoute quelque chose mais leur en retire aussi.

Il est venu un seul dessin aujourd'hui, comme quoi ce n'est pas quelque chose de garanti... certains jours cela coule comme une source intarrissable. Mais j'aime cet arbre. Pourquoi aime-t-on tel dessin plutôt que tel autre ?

Je dois réfléchir pour le cours de mercredi, trouver un modèle. Idem pour le modelage, j'ai terminé celui en cours. Toujours le même problème... J'ai dans la tête une nuque féminine, une épaule, une tête inclinée, je ne la vois pas précisemment mais "je la sens".

Quand j'étais au collège je m'amusais à écrire de longues lettres aux copines en écrivant de droite à gauche, façon De Vinci. J'ai toujours aimé les signes, les alphabets, je trouve aux lettres quelque chose de magique. On peut les tracer droites, arrondies, la tête en bas, dans le désordre, à l'envers, dans le dépit du bon sens, on les reconnait toujours. Comme on reconnaît partout dans la nature, dans le tronc d'un arbre, dans une pierre, dans une ombre, un visage humain.

Je commence à réfléchir à faire des choses sur bristol en plus grand, peut-être avec des feutres posca.

Le médecin d'Einstein

Albert Einstein pour éviter que les gens lui vouent une sorte de culte après sa mort, souhaita être incinéré et que ses cendres soient répandues dans un lieu inconnu, ce qui fut fait. Il n'avait pas imaginé que son médecin allait dérober son cerveau pendant l'autopsie qu'il pratiqua, en prendre des photographies, le découper en tranches, dans l'espoir d'y trouver le secret de cette intelligence hors du commun.

Je n'ai pas encore montré mes dessins abstraits sur bristol à mon prof de peinture. Je sais qu'il aimerait présenter cette année à l'expo des élèves, des oeuvres format carte postale. C'est le format sur lequel je fais ces compositions graphiques, mais je doute qu'il ait ce genre de chose en tête, il pense plutôt dessin ou peinture figurative je suppose. L'an dernier je n'avais pas souhaité exposer avec les autres. Depuis la reprise des cours quand il me dit de réserver tel ou tel dessin pour l'expo je dis oui mais en me disant que probablement je n'y serai pas.

Mais je suis curieuse de le voir s'exprimer sur ces dessins. Je ne l'ai pas souvent entendu parler d'abstraction. Je ne connais ni ses références ni ses opinions sur le sujet. 

Dessins faits en aout 2011

Je ressors ces vieux dessins faits sur photofiltre parce que je viens de lire un article sur Jason Padgett et ses dessins de fractales. Ce n'est pas comparable bien sûr, mais j'ai relié les deux. Dans mon esprit l'Art et la science sont intimement mélés. J'ignore pourquoi mais ils le sont.

Jason Padgett

Jason Padgett est un américain qui s'est pris un coup sur la tête et qui depuis dessine ce genre de choses. Du coup il a entrepris des études de mathématiques pour comprendre ce qu'il dessine, des fractales et autres équations mathématiques qu'il dessine sans les connaître.

Ce dessin a probablement été inversé blanc sur noir au lieu de noir sur blanc, parce que Jason Padgett fait ses dessins au crayon sur papier, avec un compas. Je trouve cela fascinant, et beau.

Au départ cinq ou six caractères d'écriture, simples et inventés. Alignés et répétés comme des "lignes" d'écriture horizontales. D'autres signes sont venus s'ajouter, de plus en plus petits pour former des traces de plus en plus complexes. Au final le dessin se présente de manière verticale. Ensemble de signes identiques et pourtant uniques.

Tracer des formes directement au feutre, sans trembler, s'apparente au tir à la carabine. Cela demande de la concentration, du calme, on arrête de respirer. Quand toutes les formes sont tracées et qu'elles semblent bien s'harmoniser dans une composition équilibrée vient le temps du remplissage. Autre moment zen où c'est au tour des aplats de devoir composer ensemble et trouver un autre équilibre.

A chaque fois, recherche d'harmonie et d'équilibre. Comme si j'organisais le chaos pour en faire quelque chose de serein.

Et curieusement, alors que j'ai toujours soutenu que le monde et les gens ne sont ni noirs ni blancs mais toujours d'une infinité de nuances de gris, mes dessins sont à l'inverse. Des oppositions de contraires. Courbes et droites, pleins et vides, douceur et tranchant, simplicité et complexité. Curieusement aussi, il n'y a aucun modelé. Aucun relief, alors que c'est ce que j'aime habituellement quand je dessine. Ces créations abstraites venues de je ne sais pas où ne sont finalement pas du dessin, mais quelque chose qui s'apparente plus à de l'écriture, à des symboles.