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29 avril 2014

Salon du dessin 2014 - Femme voilée de noir - Théodule Augustin Ribot

 

J'en ai parlé dans mon premier article consacré au salon. C'est un dessin à l'encre de chine et lavis de chine de Théodule Augustin Ribot. Je noté le nom et la technique sur mon carnet, et de retour à la maison j'en ai cherché une image sur le net, que je n'ai pas trouvée, à ma grande déception.

Pourquoi être particulièrement déçue de ne pas retrouver trace de ce dessin en particulier ? Parce que quand je me suis trouvée devant lui mon regard a été aimanté. J'avais du mal à en détourner les yeux, et ils y revenaient malgré moi. Je me suis reculée, j'ai regardé le dessin de plusieurs points de vue, je devais avoir une expression abasourdie sur le visage, j'ai vu quelqu'un regarder mon petit manège d'un air amusé.

Il se trouve que je ne suis pas la seule à avoir été touchée par ce dessin. A ma très grande joie Sandrine l'a été aussi, à tel point qu'elle l'a prise en photo. Cela va me permettre d'essayer de comprendre la magie particulière de ce dessin.

 

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Femme voilée de noir - Théodule Augustin Ribot - photo Sandrine Gateau

 

Le sujet est frappant par sa simplicité. Un visage pale sur un fond noir. Il n'y a pas de regard, les yeux sont mi-clos, on a du mal à déchiffrer l'expression de cette femme. La joue qui fait face à nous est dans l'ombre, c'est la joue opposée qui est dans la lumière, comme si celle-ci venait de l'intérieur du tableau.

La seule fois (avant celle-ci) où je suis restée aimantée devant une oeuvre dans un musée, c'était devant la croix noire sur fond blanc de Malevitch, au Centre Pompidou. Je n'arrivais pas à m'en détacher, j'ai l'impression que le temps s'est arrêté pendant que je le regardais. Quand on regarde fixement ce tableau, la lumière qui en sort va en augmentant, jusqu'à devenir aveuglante.

 

Le point commun entre ces deux oeuvres c'est l'impression d'émanation de lumière. On pourrait dire qu'elle nait de la confrontation du noir et du blanc, mais si je prends une feuille noire que je découpe en forme de croix et que je l'applique sur une feuille blanche ça ne suffira pas. Ce n'est pas du blanc pur c'est un dégradé de nuances, même chose pour le noir.

C'est donc un effet d'optique qui exerce cette fascination, mais il y a plus que ça.

 

Le sujet n'est anodin ni dans un cas ni dans l'autre. Il s'agit peut-être là des deux sujets les plus à même d'attirer notre attention et surtout de la retenir.

- un visage, dont on cherche à comprendre l'expression. Si La Joconde fascine les gens c'est bien à cause ou grâce à cela en grande partie... son fameux sourire enigmatique.

- une croix, associée à un phénomène lumineux, a forcément un contenu religieux dans l'inconscient collectif, qu'on soit chrétien ou pas. La lumière a une présence spirituelle qui fascine.

 

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"Croix noire" - huile sur toile - 80 x 80 cm - Malevitch

 

"Malevitch réalise cette toile en même temps qu’une trentaine d’autres, pour une exposition qu’il organise en collaboration avec Jean Pougny, à Saint-Pétersbourg, en décembre 1915.

Par cette manifestation qu’il intitule lui-même "La dernière exposition futuriste", il entend rompre avec les avant-gardes occidentales et, par-delà cette opposition, retrouver un "zéro des formes", c’est-à-dire faire table rase, pour amorcer une reconstruction, non pas révolutionnaire ou fracassante, mais infinitésimale.

Il y montre pour la première fois ses œuvres abstraites qui incarnent l’idée d’un art à la limite du néant, d’un Rien pensé comme interface entre le visible et l’invisible. En quête d’un être suprême au-delà du monde des objets, l’art de Malevitch, le suprématisme, purifie la peinture en écartant tout ce qui la détourne de son sens. Quant au rôle de la croix dans cette pensée suprématiste, Malevitch l’explicite rétrospectivement dans ses écrits théoriques. Elle est l’un des éléments de base de son système plastique, le "deuxième élément suprématiste fondamental", le premier étant le cercle. Quant au carré, il constitue le référent absolu du système, c’est-à-dire la forme zéro à partir de laquelle toute unité visuelle est dérivée. Tandis que le cercle vient de la rotation du carré, la croix est obtenue par la division du carré en deux rectangles dont l’un pivote sur l’autre à 90°.

Mais la rigueur géométrique qu’évoquent ces indications est tempérée par les irrégularités que le peintre a introduites dans sa toile. Les contours incertains des branches, leur infime inclinaison, la précarité de leur équilibre invitent aussi à considérer la croix, récurrente dans l’œuvre entière de Malevitch, comme un élément chargé d’émotion. Le sculpteur Antoine Pevsner en témoigne lorsqu’il rapporte des propos confiés au cours de l’enterrement d’une amie artiste en 1918: "Quand il me vit, il me dit tout bas: nous serons tous crucifiés. Ma croix, je l’ai déjà préparée. Tu l’as sûrement remarquée dans mes tableaux".

 Source : Site du Centre Pompidou

 

Théodule Ribot, né à Saint-Nicolas-d'Attez (Eure) le 8 août 1823 et mort à Colombes (Hauts-de-Seine) le 11 septembre 1891, est un peintre réaliste français.

 

J'ai retrouvé l'utilisation de la confrontation des blancs et des noirs dans plusieurs de ses oeuvres, par exemple dans celle-ci, où l'émanation lumineuse sert le spirituel.

 

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Cet artiste a représenté des femmes voilées de noir à de nombreuses reprises, mais je n'ai retrouvé chez aucune de celles que j'ai vues la qualité lumineuse des blancs présente dans le dessin qui se trouvait au salon.

 

Voici deux autres beaux dessins de Théodule Ribot.

 

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Et cet auto-portrait est vraiment étonnant. Je suppose que ce tableau quand on le voit en vrai exerce lui aussi une certaine fascination.

Encore une histoire d'éclairage...

 

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Commentaires
J
L'auto-portrait est puissant. Beaucoup de force chez lui...
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