Drawing now 2014 - Dominic Mc Gill
Compte tenu de mon attirance pour les mots, il était impossible que je passe à coté des dessins de Dominic Mc Gill sans m'y attarder.
Utiliser les mots comme le matériel graphique de base produit des oeuvres qui ne sont pas universelles mais qui s'inscrivent dans une histoire, une géographie et une culture. Elles ne sont accessibles qu'à ceux qui y appartiennent ou les connaissent, c'est ce qui en fait la limite mais aussi leur procure une richesse particulière. Le sens est là, pour ceux qui ont la clé.
Notre époque et notre civilisation sont celles de l'image et des mots omniprésents, ils peuvent s'emmêler inextricablement dans notre esprit dans un fouilli de sens et d'associations d'idées. Dominic Mc Gill en offre une bonne représentation.
"Une quantité astronomique de dessins est passée à travers les galeries d'art cette saison, et Dominic McGill en ajoute encore un autre, mais celui-ci est différent. Intitulé "Project for a New American Century" il est d'une dimension rare : 20 mètres de long et 2,5 mètres de hauteur. Il se tord sur lui même comme un labyrinthe dans la petite galerie de Eller. Et le sujet est épique: l'histoire de la fin du 20ème siècle, un sujet labyrinthique et tordu.
M. McGill, qui est né en Angleterre et vit à New York, montre que dans l'histoire, en commençant par le bombardement d'Hiroshima, dans un flux de données de mots et d'images, les mots prédominent. Aménagé comme une sorte de chronologie de libre-association, les noms de centaines de personnes, lieux et événements, écrits dans des dizaines de styles de lettrage, pullulent sur une surface murale de taille, mêlée de titres de l'actualité et de slogans.
La chronique savante de M. McGill fait plus que d'aligner des faits. Il les tricote ensemble de sorte que les relations de cause à effet de l'évolution historique à travers le monde deviennent claires. Et il le fait en termes visuels ingénieux, en faisant varier la taille, le style et le poids du texte manuscrit de sorte que l'histoire est racontée dans d'innombrables couches qui se croisent et se chevauchent. Le dessin, dont le titre est une légère variation sur le nom d'un groupe de réflexion néoconservateur basé à Washington , se termine dans le présent, avec l'image d'une forêt sans chemin où les mots disparaissent. Est-ce le début d'un nouvel âge des ténèbres ou le bord d'une nouvelle frontière? Des artistes tels que M. McGill vont nous dire."
(Article du New York Times)