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22 mai 2013

Après la crise d'Arles - Vincent Van Gogh- février 1890

 0012-110

 

"Je ne sais pas si tu comprendras que l'on puisse dire de la poésie rien qu'en bien arrangeant les couleurs, comme on peut dire des choses consolantes en musique."

 

"J'ai malheureusement un métier que je ne connais pas assez pour m'exprimer comme je le désirerais."

 

"J'ai toujours du remords et énormément, quand je pense à mon travail si peu en harmonie avec ce que j'aurais désiré faire."

 

"En écrivant cette lettre je me suis levé pour aller donner quelques coups de brosse à une toile en train - c'est précisemment celle avec les pins ravagés contre un ciel rouge, orange, jaune - hier c'était très frais - des tons purs et éclatants - eh bien en t'écrivant je ne sais quelles pensées me venaient et en regardant ma toile je me disais ce n'est pas ça. Alors j'ai pris une couleur qui paraît sur la palette du blanc mat et sale qu'on obtient en mélangeant du blanc, du vert et un peu de carmin. Ce ton vert je l'ai sabré sur tout le ciel et voilà qu'à distance cela attendrit les tons en les rompant et pourtant il semblerait que l'on gâte et salit sa toile. Le malheur et la maladie ne font-ils pas cela de nous et de notre santé, et ne valons-nous pas mieux tels que dans la fatalité le grand sort nous emporte, que sereins et bien portants selon nos propres idées et désirs vagues de bonheur possible. Je ne le sais. Quelques-uns de mes tableaux, lorsque je les compare à d'autres, portent bien la trace que c'est un malade qui les peint et je t'assure que je ne le fais pas exprès. Mais c'est malgré moi à des tons rompus qu'aboutissent mes calculs."

 

A propos d'un article élogieux sur son travail :

"J'ai trouvé l'article de M. Aurier, abstraction faite si je mérite ce qu'il dit de moi, en soi très artistique, très curieux. Mais c'est plutôt comme cela qu'il faudrait être, que la triste réalité de ce que je me sens... ces idées dont il parle ne sont pas à moi car en général les artistes impressionnistes sont tous ainsi, sous une même influence et tous nous sommes un peu névrosés. Cela nous rend très sensibles à la couleur et à son langage particulier, ses effets de complémentaires, de contrastes d'harmonie. Mais quand j'ai lu l'article j'en devenais presque triste, juste en pensant : faudrait être comme cela et je me sens si inférieur...

...me sentant devenu un enfant bien dégénéré. Songeant ainsi, mais bien lointain, me vient le désir de me refaire et de chercher à me faire excuser de ce que mes tableaux sont pourtant presque un cri d'angoisse, tout en symbolisant dans le rustique tournesol la gratitude."

Vincent Van Gogh - Saint Rémy février 1890

 

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