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23 août 2012

Spirale - citations

"Selon Mircea Eliade, le symbolisme de la spirale est assez complexe et d’origine incertaine. Cependant, on peut dire que pour la plupart des traditions antiques, les spirales sont le symbole de la création et de l’évolution de tout l’Univers. Ces dernières pourraient se décrire, de façon schématique, comme un ensemble de spirales qui génèrent des mondes ainsi que leur cycles de naissance et de mort, d’évolution ou d’involution, selon les différentes possibilités des multiples combinaisons de l’existence. Les dernières découvertes astronomiques confirment qu’environ deux tiers de toutes les galaxies existantes – y compris la nôtre – ont cette forme géométrique de croissance à partir d’un point central.

Dans le système hiéroglyphique de l’Egypte ancienne, la spirale désignait les formes cosmiques en mouvement, la relation entre l’unité et la multiplicité manifestée.

Pour les Grecs, le seuil entre le monde des hommes et celui des dieux était symbolisé par le mont Hélicon, résidence des Muses. Son sommet, toujours entouré de nuages, représentait la frontière entre le Ciel et la Terre.
La montée symbolique de l’Hélicon se faisait en parcourant les pentes en un mouvement en spirale autour du mont. Le cercle ainsi parcouru se rétrécissait au fur et à mesure que l’on approchait du sommet. Cette ascension spiralée permettait d’arriver, peu à peu, au point le plus haut. Elle symbolisait la conquête de son propre centre, ou la réalisation de sa propre synthèse, et l’accession à l’unité du divin en soi-même à partir de la multiplicité du monde.

La pratique des arts, surtout la musique, (inspirée par Apollon, père des Muses qui habitent le mont Hélicon) et de la dialectique (la méthode socratique permettant d’atteindre la connaissance de soi), représentent l’exercice de la volonté qui nous permet, pendant cette montée, de travailler l’intuition du divin et la raison purement humaine. Arrivé au sommet du mont, il est alors possible de ne faire qu’un avec son propre Etre Intérieur. Après cette ascension symbolique, et en faisant le chemin inverse de la descente, le candidat renaît et revient avec de nouvelles forces pour s’intégrer dans le monde, avec un peu plus de sagesse, ce qui lui permettra de transmettre ses expériences aux autres.

Galaxies, tourbillons, coquillages, écoulement de l’eau dans un conduit, semences dotées d’ailes en forme d’hélices comme celle de l’érable – dont le doux vol en spirale assure la pollinisation des fleurs et génère ainsi de nouvelles plantes – tiges spiralées grimpent en enlaçant d’autres, bourgeons dont les feuilles sont soigneusement repliées en spirales ascendantes comme une promesse de perfection et de beauté qui atteindra sa plénitude dans la fleur... toute la Nature semble être obsédée par la forme de la spirale. A chaque fois que dans l’Univers, il y a un mouvement d’expansion ou de contraction, il se produit une spirale..."

 

"Faut-il penser que c’est l’observation des formes naturelles qui amena l’homme – et ceci dans des périodes très reculées – à privilégier le motif de la spirale, à titre décoratif et plus probablement symbolique ?

On en trouve sur des fragments d’os gravés de la fin de l’Aurignacien, sur des ornements en ivoire de mammouth de la fin du paléolithique : on en trouve surtout, au néolithique, sur de nombreux monuments mégalithiques en terre celtique. Le dolmen de Gavr’inis en offre le plus bel exemple : vingt-trois des vingt-huit dalles qui supportent le couvercle de pierre sont entièrement cou­vertes de spirales juxtaposées. En Irlande, plusieurs tumulus contiennent des dalles gravées d’une ou plusieurs spirales orientées de façon à ce que le soleil les frappe au matin du solstice d’hiver…

Dans tous les vestiges qui restent des civilisations antiques, la spirale abonde avec un rôle décoratif lié sans doute à une signification symbolique. A Sumer, sur des bijoux retrouvés dans des tombes royales ; en Egypte, dans le décor des céramiques ou en intaille sur le ventre des scarabées de pierre dure ; dans tout le monde méditerranéen où elle abonde, souvent en frise décorative tout comme sa variante orthogonale, « la grecque ».

Même profusion de spirales en Europe du Nord ou Centrale : Danemark, Suède, Hongrie nous ont laissé des bijoux ou des armes qui en sont décorés… sans oublier les formes en crosse des drakkars vikings.

Les Celtes en raffolaient, comme le montrent les bracelets à structure spiralée, les torques gaulois, les fibules : le triscèle et la svastika en sont des formes dérivées.

L’art chrétien fera aussi grand usage des spirales : depuis la crosse des évêques jusqu’aux plis en tourbillon des vêtements des christs romans ; des crosses végétales des chapiteaux gothiques aux pinacles « flamboyants » on ne saurait en faire la liste…

L’art classique va les privilégier en architecture, avec les chapiteaux ioniens et corinthiens, et dans les arts décoratifs. J’ai évoqué, en parlant de l’économie d’espace que permettent les structures spiralées, du rôle qu’elles ont et continuent de jouer dans la conception de nombre d’édifices. Pour en finir – on ne saurait tout citer – rappelons la fortune réservée aux courbes et spirales dans l’art du début du siècle style « nouille », modern style, « art déco », des entrées du métro, oeuvre de Grimaud, aux toiles de Klimt ou aux cheminées que Gaudi multiplia dans les parcs et édifices de Barcelone.

Reste à s’interroger, et là est l’essentiel, sur la connotation symbolique donnée à la spirale

Une autre implication symbolique importante de la spirale vient de sa capacité à assumer l’ordre de l’être au sein du change­ment puisqu’elle permet d’assurer la croissance sans modifier la structure totale comme le montrent les coquillages qui s’enroulent autour d’un axe grandissant sans changer de forme. De là viennent dans les sociétés primitives les chants-spirales et les danses-­spirales qui tendent – selon Gilbert Durand – à « assurer la perma­nence de l’être à travers les fluctuations du changement ». Tout change certes mais tout recommence, similaire sinon identique et le rite est là pour le réaffirmer en réponse à toutes les angoisses du lendemain…

Enfin, quand la spirale se donne une dimension supplémen­taire dans l’espace ou dans le temps, le symbole acquiert sa di­mension ultime en direction du ciel, en direction aussi du futur à construire.

Plus haut, toujours plus haut, et les hommes construisent les rampes, les ziggourats et les tours de Babel… Ils escaladent en processions spiralées les montagnes sacrées, ils tournent, patiem­ment, inlassablement, toujours plus haut de spire en spire à la re­cherche de ce qui les dépasse et les transcende à la fois.

Toujours plus haut, toujours plus loin : si l’expansion se fait dans le temps, la spirale allie les mythes, apparemment inconci­liables, de l’Eternel Retour et de la marche vers le progrès. Certes l’humanité, périodiquement, retrouve ses vieilles traces, mais le plus souvent, loin de retomber dans les mêmes ornières, elle passe au-dessus dans sa courbe ascendante…

Le chemin initiatique est le même, il est lente ascension, non point circulaire mais hélicoïdale, marqué non de retours à la case départ, mais de survols de situations passées qu’il s’agit d’ap­prendre à surmonter, car malheur à celui qui n’a pas su se dépas­ser lui-même : faute de pouvoir emprunter la spire supérieure il risque de tourner en rond…

Telle est la leçon de la spirale : dans les grands cycles de la vie elle doit nous apprendre à nous élever à une plus grande di­mension de l’Etre qui nous permette de croître sans changer de forme, d’évoluer sans cesser d’être nous-mêmes, sans jamais non plus nous renier."

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