Fusain et gomme

Je continue mon exploration des ciels. Après la mine de plomb et le crayon aquarellable, voici le fusain. Je sens que je progresse "dans mon oeil" : mon regard se perd moins dans l'infinité des formes et des nuances de valeurs. Je préfère les gris du fusain, je les trouve moins métalliques que ceux de la mine de plomb. J'aime aussi dans le fusain la possibilité de travailler au doigt, de modeler les formes. La forme du doigt est adaptée pour les moutonnements des nuages. J'aime enfin récupérer la lumière du support en enlevant de la matière. 

Ce dessin a été fait en cours et j'ai bénéficié des conseils de mon prof. Foncer là, éclaircir ici, fermer à droite pour diriger le regard vers le centre d'intérêt : la lumière qui perce des nuages.

Je ne suis pas encore satisfaite de l'effet de lumière. J'ai pensé utiliser une prochaine fois la même technique que pour mon dessin de l'arbre aux branches mortes : fond froid ou chaud par zones obtenu au pastel sec essuyé. Sans que j'en ai parlé mon prof m'a fait la même suggestion après avoir vu l'arbre (qu'il a bien aimé) c'est drôle.

Jérome m'a aussi conseillé de regarder les oeuvres de Philippe Ségéral, grands dessins à la mine de plomb représentant des nuages de poussière (volcans) ou des moutonnements de végétation. Il pensait que j'aimerai mais je les trouve sombres. Je rêve davantage de ce genre de lumière :

Corot

Pastel - d'après une photo de calendrier :)

Encore une arbre - encore un pastel. Je l'ai fait deux fois. La première version hier soir était peut-être mieux ? Elle n'a pas survécu à la soirée, alors je ne peux pas en juger. Je galère avec mes pastels. C'est idiot d'acheter du matériel à deux balles , mais comme je les ai, je fais avec. L'excuse est peut-être elle aussi à deux balles d'ailleurs. Je soupçonne que Van Gogh aurait pu faire mieux avec les mêmes craies.

Je ne vous le mets pas en grand, de près c'est trop moche. On va dire que c'est la faute du papier, allez :)

En tout cas autour du dessin, c'est propre, c'est déjà un progrès. J'ai utilisé du ruban adhésif repositionnable.

Dessin au pastel - librement interprété d'après Henry Bismuth

Pastel sec - d'après "l'Arbre aux corbeaux" de Caspar David FRIEDRICH

Les thèmes s'enchaînent au cours de dessin. Après le ciel, les arbres. Ce qui me plait dans celui-ci : le contraste, l'aspect graphique, les branches comme une calligraphie. Un arbre tourmenté que j'ai allégé de ses corbeaux, symbôles de mort chez Friedrich.

Je remarque qu'en peinture l'arbre est souvent le faire valoir du ciel, de la lumière et inversement. Les deux conversent et se mettent en valeur mutuellement. 

J'ai utilisé une feuille de couleur (pas eu le temps de faire un fond) et tiré l'enseignement des peintures précédentes au pastel : il vaut mieux ne pas peindre jusqu'au bord de la feuille. Il vaut mieux utiliser une feuille teintée (le blanc est froid et difficile à couvrir) et laisser une marge permet de faire respirer le dessin.

"Pour peindre ce n'est pas l'acuité qui compte, c'est la vision" (notre professeur, mal voyant). A chaque cours se confirme notre communauté de perception de la peinture. C'est une complicité très agréable. A chaque cours Jérome nous apporte la preuve qu'il voit plus de choses que nous.

Dessiner les branches de l'arbre en allant vers leur extrémité.
Inutile devant un sujet complexe de chercher à le reproduire fidèlement. Il faut se pénétrer de ce qu'il est et en reproduire l'essence sans l'imiter. Ici un "gribouillage" et de petits points écrasés au doigt suffisent pour évoquer les petites branches et leur feuillage.

Mine de plomb, crayon de fusain et gomme - d'après photo couleur - 29.7 x 42 cm

"Le Coup de soleil" - Pastel sec - d'après Jacob Van Ruisdael - 29.7 X 42 cm

L'année dernière pour illustrer la chanson de Jacques Brel j'avais peint une île et je l'avais loupée. J'ai récidivé aujourd'hui avec le même sujet en cours de dessin. On devait normalement faire une étude de ciel, j'ai pris ce que j'avais sous la main : cette île.

 Une île - esquisse au pastel sec batons et crayons sur feuille blanche - 40 X 55 cm

La semaine prochaine nous continuerons sur les ciels. Pour cette fois j'ai encore utilisé les pastels, j'avais envie de couleurs.

Notre prof nous a fait la démonstration d'une technique. Sur une feuille blanche (pour aquarelle) il fait des marques à la mine de plomb, puis à la pierre noire. Il estompe au mouchoir en papier. Ensuite il fait des marques au pinceau à l'encre de chine. Les traces peuvent évoquer des arbres, un paysage, des personnages... Avec une brosse plus large il prend du gesso qu'il applique, cela a pour effet de méler et estomper les traces. Quand c'est sec il retravaille à l'encre de chine, diluée plus ou moins. Il gratte ou il estompe. Il tamponne avec un mouchoir. Au fur et à mesure des marques successives le tableau se construit.

Nature morte - d'après nature - fusain et craie blanche sur papier d'emballage - 50 X 65 cm

 Barques - d'après photographie couleur - fusain et craie blanche sur papier d'emballage - 50 X 65 cm

Quel bonheur de retourner en cours ! Je retrouve le même prof que l'an dernier mais dans un cours dessin et couleurs multi-techniques.

Le plaisir est au rendez vous. Vivement la suite ! La prochaine fois nous ferons un portrait d'après nature. Je dois apporter des pastels secs.