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Vale Decem -  Au jour le jour
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18 novembre 2013

La solitude des nombres premiers

Les nombres premiers ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes. Ils occupent leur place dans la série infinie des nombres naturels, écrasés comme les autres entre deux semblables, mais à un pas de distance. Ce sont des nombres soupçonneux et solitaires, raison pour laquelle Mattia les trouvait merveilleux. Il lui arrivait de se dire qu'ils figuraient dans cette séquence par erreur, qu'ils y avaient été piégés telles des perles enfilées. Mais il songeait aussi que ces nombres auraient peut-être préféré être comme les autres, juste des nombres quelconques, et qu'ils n'en étaient pas capables. Cette seconde pensée l'effleurait surtout le soir, dans l'entrelacement chaotique d'images qui précède le sommeil, quand l'esprit est trop faible pour se raconter des mensonges.

A un cours de première année, Mattia avait appris que certains nombres premiers ont quelque chose de particulier. Les mathématiciens les appellent premiers jumeaux : ce sont des couples de nombres premiers voisins, ou plutôt presque voisins, car il y a toujours entre eux un nombre pair qui les empêche de se toucher vraiment. Des nombres tels que le 11 et le 13, tels que le 17 et le 19, le 41 et le 43. Si l'on a la patience de continuer, on découvre que ces couples se raréfient progressivement. On tombe sur des nombres premiers de plus en plus isolés, égarés dans cet espace silencieux et rythmé, constitué de seuls chiffres, et l'on a le pressentiment angoissant que les couples rencontrés jusqu'alors n'étaient qu'un fait accidentel, que leur véritable destin consiste à rester seuls. Mais au moment où l'on s'apprête à baisser les bras, découragé, on déniche deux autres jumeaux, serrés l'un contre l'autre. Les mathématiciens partagent la conviction que, pour autant qu'on puisse poursuivre cet exercice, on en trouvera toujours deux autres, même s'il est impossible de déterminer où jusqu'à ce qu'on les découvre.

Mattia pensait qu'Alice et lui étaient deux nombres premiers jumeaux, isolés et perdus, proches mais pas assez pour se frôler vraiment. Il ne lui avait jamais dit.

Paolo Giordano - La solitude des nombres premiers

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17 novembre 2013

Le lièvre de Patagonie

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Je venais de voir un lièvre patagon, animal magique, et la Patagonie tout entière me transperçait soudain le coeur de la certitude de notre commune présence.

Claude Lanzmann - le lièvre de Patagonie

Je n'ai pas lu le livre, juste cette phrase, que je trouve belle.

3 octobre 2013

L'Art français de la guerre - extrait

"... j'aimais les célibataires de mon âge qui vivaient seules dans de petits appartements, et qui, quand je venais, allumaient des bougies et se lovaient sur leur canapé en entourant leurs genoux de leurs bras. Elles attendaient de sortir de là, elles attendaient que je dénoue leurs bras, que leurs bras puissent étreindre autre chose que leurs genoux, mais vivre avec elles aurait détruit cette magie tremblante de la flamme qui éclaire les femmes seules, cette magie des bras refermés qui enfin s'ouvraient pour moi ..."

 

La sculpture que j'ai en cours est inspirée de ce passage. Cela fait deux séances que j'y travaille et elle sort petit à petit de l'argile.

15 juillet 2013

J'écris ton nom

 

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Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom

Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

 

Liberté.

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Paul Eluard

10 juillet 2013

Picasso - Propos sur l'Art - 7

"La condition de la découverte est en dehors de nous, mais ce qui est épouvantable, c'est que malgré tout on ne trouve que ce que l'on connaît."

 

"Je pense que l'oeuvre d'art est le produit de calculs, mais de calculs souvent inconnus de l'auteur lui-même. Exactement comme le pigeon voyageur, qui calcule pour rejoindre son nid. Mais ce calcul, qui se trouve être juste, est inconnu de lui ; c'est un calcul antérieur à l'intelligence... Ou bien il faut supposer, comme le disait Rimbaud, qu'en nous c'est l'autre qui calcule."

 

"Je n'ai pas de vrais amis, je n'ai que des amants ! Sauf peut-être Goya, et surtout Van Gogh."

 


(face à l'art africain)

"J'ai compris alors pourquoi j'étais peintre ... Les Demoiselles d'Avignon ont dû arriver ce jour-là mais pas du tout à cause des formes : parce que c'était ma première toile d'exorcisme, oui ! Braque (contrairement à moi) n'a jamais eu un peu peur (de cet art). Les exorcismes ne l'intéressait pas. Parce qu'il ne ressentait pas ce que j'ai appelé Tout, ou la vie, je ne sais quoi, la Terre ? ce qui nous entoure, ce qui n'est pas nous, il ne le trouvait pas hostile. Ni même, figurez-vous ! étranger ! Il a toujours été chez lui... Encore maintenant... il ne comprend pas du tout ces choses-là : il n'est pas superstitieux !"

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"Les masques, ils n'étaient pas des sculptures comme les autres. Pas du tout. Ils étaient des choses magiques. Les Nègres, ils étaient des intercesseurs. Contre tout ; comme des esprits inconnus, menaçants. Je regardais toujours les fétiches. J'ai compris : moi aussi je suis contre tout. Moi aussi, je pense que tout, c'est inconnu, c'est ennemi ! Tout ! pas les détails ! Les femmes, les enfants, les bêtes, le tabac, jouer... Mais le tout ! J'ai compris à quoi elle servait, leur scuplture, aux Nègres. Pourquoi sculpter comme ça, et pas autrement... Tous les fétiches, ils servaient à la même chose. Ils étaient des armes. Pour aider les gens à ne plus être les sujets des esprits, à devenir indépendants. Des outils. Si nous donnons une forme aux esprits, nous devenons indépendants. Les esprits, l'inconscient, l'émotion, c'est la même chose."

 

Art-africain-exposition-2O11Masque africain

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28 juin 2013

Picasso - Propos sur l'Art - 6

Laisser respirer la couleur :

"Dans l'oeuvre de Matisse, quand on trouve trois tons, côte à côte -par exemple un vert, un mauve et un turquoise- leur rapport est heureux et détermine une résultante qui est la couleur. Vous l'avez entendu dire " il faut laisser à chaque ton sa zone d'expansion." Là-dessus, je suis absolument d'accord avec lui ; chaque ton émet une onde qui se propage. Si l'on tente de le contenir à l'intérieur d'un graphisme noir, par exemple, on l'annihile, en tout cas sur le plan pictural : on détruit son rayonnement. Il faut ménager des intervalles. Une couleur n'a pas besoin d'avoir une forme définie. Ce n'est même pas désirable. Quand elle atteint un point un peu au-delà de ses limites, elle s'irradie jusqu'à la zone neutre, et l'autre teinte la rejoint au bout de sa course. A ce moment-là, on peut dire que la couleur respire. Matisse peint ainsi."

 

matisse dishes-and-fruit-on-a-red-and-black-carpet-1901Matisse

 

Portrait :

"Un artiste n'est pas aussi libre qu'on pourrait le croire. C'est vrai aussi pour les portraits que j'ai faits de Dora Maar. Pour moi, c'est une femme qui pleure. Pendant des années, je l'ai peinte en formes torturées, non par sadisme ou par plaisir. Je ne faisais que suivre la vision qui s'imposait à moi. C'était la réalité profonde de Dora. Vous voyez, un peintre a des limites, et ce ne sont pas toujours celles qu'on imagine."

 

PortraitDeDoraMaar-37-061Picasso- portrait de Dora Maar

"Il y a une revanche des choses... A force de peindre les visages par l'intérieur, il m'est impossible de n'être plus qu'un portraitiste. D'ailleurs, je ne peux pas faire le portrait de n'importe qui... Il y a longtemps que je ne prends plus de "modèles " au sens où les gens l'entendent."

1898 Portrait de Josefa Sabastia Membrado Picasso - 1898 Portrait de Josefa Sabastia Membrado

1915 Portrait de Max JacobPicasso - Portrait de Max Jacob - 1915

1919 Portrait d'André DerainPortrait d'André Derain - Picasso 1919

 

Cheminement de la pensée :

"Ma pensée, quand je peins, est souvent une suite de coq-à-l'âne, une série de sauts d'un sommet à l'autre."

 

Expériences :

"Mon atelier, c'est une sorte de laboratoire. Comme dans toutes les expériences, il y en a qui réussissent et d'autres qui ratent. Les gens veulent tout... Pour aimer ma peinture, il faut vraiment qu'ils soient masochistes... Il y a des jours où je me dis que, dans toutes ces recherches, j'ai traîné mon talent dans la boue. Il se trouve que mes tableaux sont jolis ou qu'on les trouve tels. Tant mieux. L'intéressant, c'est leur création, l'addition de chaque ligne, le passage d'un état à un autre. C'est la peinture, en même temps poème et philosophie."

 

Emotion :

"Un tableau est destiné à faire naître des émotions dans l'âme de celui qui regarde. Il ne faut pas qu'un homme reste indifférent devant une oeuvre d'art, qu'il passe en jetant un coup d'oeil négligent... il faut qu'il vibre, s'émeuve, crée à son tour, par l'imagination sinon effectivement... Le spectateur doit être arraché de sa torpeur, secoué, pris à la gorge, qu'il prenne conscience du monde dans lequel il vit et, pour cela, il faut d'abord l'en sortir..."

1915_1918_Crucifixion

Monde extérieur (à propos d'avoir peint peu de paysages) :

"Je n'ai jamais rien vu... J'ai toujours vécu en moi."

paysagePicasso - paysage - 1904

26 juin 2013

Picasso - Propos sur l'Art -3

"Dire que je n'ai jamais pu faire un tableau ! Je commence dans une idée, et puis, ça devient tout autre chose."

"On ne sait jamais ce que l'on va faire. On commence un tableau et ça devient quelque chose de tout à fait différent. C'est curieux combien le vouloir de l'artiste compte peu. C'est embêtant : on a toujours à côté de soi un amateur qui vous dit : "Je n'aime pas ça." Ou : "Ce n'est pas comme ça que ça devrait être." Il s'accroche aux pinceaux qui deviennent lourds, lourds... Il n'y connaît rien, mais il est toujours là."

"Les tableaux ne sont que recherche et expériences.

Je ne fais jamais un tableau comme un oeuvre d'art. C'est toujours une recherche. Je cherche constamment, et il y a un enchaînement logique dans toute cette recherche. C'est pourquoi je les numérote. Je les numérote et je les date."

"Le rythme est une perception du temps. La répétition du motif dans cette chaise en osier est un rythme. La fatigue de la main lorsqu'on dessine est un rythme."

"Une peinture n'existe pas - elle ne peut être un simple objet matériel. Une peinture est une machine à imprimer la mémoire. Le collectionneur qui l'achète n'achète pas un objet. Il achète quelque chose d'intangible, et un beau jour il se réveille avec seulement un cadre autour d'un espace invisible."

"Pour moi chaque tableau est une étude. Je me dis : je vais un jour le finir, en faire une chose finie. Mais dès que je commence à le finir, il devient un autre tableau et je crois que je vais le refaire. Et c'est toujours quelque chose d'autre à la fin. Si j'y retouche, j'en fais un nouveau tableau."

"Les accidents (en regardant un tableau), essayez de les changer - c'est impossible. L'accidentel révèle l'homme."

"La période bleue n'était pas une question de lumière ou de couleur. C'était une nécessité intérieure de peindre ainsi."

A propos du cubisme : "J'ai vu que tout avait été fait. Il fallait rompre pour faire sa révolution et repartir de zéro. Je me suis obligé à aller vers le nouveau mouvement. Le problème est comment passer, contourner l'objet et donner une expression plastique au résultat." "Tout ceci est ma lutte pour rompre avec l'aspect bidimensionnel."

"La peinture est une chose de l'intelligence. On le voit dans Manet. On voit l'intelligence dans chacun des coups de pinceau de Manet, et l'action de l'intelligence est visible dans le film sur Matisse, lorsqu'on regarde Matisse dessiner, hésiter, puis commencer à exprimer sa pensée avec une touche assurée."

"Retomber, vivre sur soi-même, se retirer est stérile. La communication avec l'extérieur est féconde."

25 juin 2013

Picasso - Jeu de l'esprit - Poésie graphique

"Un atelier de peintre doit être un laboratoire. On n'y fait pas un métier de singe, on invente. la peinture est un jeu de l'esprit."

portrait-of-marie-thérèse-walter-1937-1Portrait de Marie Thérèse Walter - Picasso -1937

"Je ne cherche rien, je ne m'emploie qu'à mettre le plus d'humanité possible dans mes tableaux. Tant pis si cela offense quelques idolâtres de l'effigie humaine conventionnelle. Ils n'ont d'ailleurs qu'à se regarder un peu plus attentivement dans une glace... Qu'est-ce qu'un visage, au fond ? sa photo ? son maquillage ? Ou le visage comme l'a représenté tel ou tel peintre ? Ce qui est devant ? dedans ? derrière ? Et le reste ? Chacun, ne le voit-il pas à sa façon ? Il n'existe guère de déformations. Daumier et Lautrec voyaient le visage autrement qu'Ingres ou Renoir, c'est tout. Moi, je le vois ainsi... Or, je ne peins que ce que je vois. Je l'ai vu, je l'ai senti, peut-être différemment à d'autres époques de ma vie, mais je n'ai jamais peint que ce que j'ai vu et senti. La façon de peindre d'un peintre, c'est comme son écriture pour les graphologues. C'est l'homme tout entier qui est dedans. Le reste, c'est de la littérature, l'affaire des commentateurs, de la critique. Cela ne regarde plus le peintre."

1913 Violon, bouteille et cartes à jouer sur une table rondeViolon, bouteille et cartes à jouer sur une table ronde - Picasso - 1913

"Voyez ces dessins : ce n'est nullement parce que j'ai voulu les styliser qu'ils sont devenus ce qu'ils sont. C'est tout simplement le superficiel qui est parti de lui-même. Je n'ai rien recherché "exprès"... Evidemment, pour cela il n'y a pas d'autre clef que celle de la poésie... Si les lignes et les formes riment et s'animent, c'est à l'instar d'un poème. Pour cela, il n'y a pas besoin de beaucoup de mots. Il y a parfois dans deux ou trois lignes bien plus de poésie que dans un très long poème."

24 juin 2013

Picasso - le trait juste

1897-1899 L'artiste dessinant et études de mains

Tracer d'observation - trait maîtrisé, direct, concentré et exact.

1899 Femme nue cachant son visage

Trait affirmé, réduit à l'essentiel, pureté et simplicité des formes, représenter l'idée.

1900-1901 Homme assis à la canne et masque

Trait sensible et varié, trait expressif, qui s'adapte au sujet et devient le sujet.

1901 Etreinte

Trait qui réfléchit et qui cherche, qui inscrit le trajet de la pensée, qui cerne l'idée et la sensation et s'en approche au plus près possible.

1912-1913 Tête de femme

Trait qui s'amuse avec les formes, les lignes et les points. Et qui demeure expressif, malgré tout. Délivrer quelque chose de complexe - une personnalité - une expression - un sentiment - à partir de signes simples. Abstraire/réduire et tout en réduisant, développer. 

1917-1919 Autoportrait

Trait juste et vrai, réduit à l'essentiel

1918 Coq

Trait calligraphique, signe graphique. 

Ne pas représenter le réel, mais le "sur-réel". Au delà d'un coq, tous les coqs. Au delà de l'enveloppe extérieure des amoureux, l'étreinte, au delà du visage, l'âme.

"En peinture tout n'est que signe"

Je tiens à la ressemblance plus profonde, plus réelle que le réel, atteignant le sur-réel... à vrai dire, il ne s'agit que de signes. On est convenu que tel signe représente un arbre, tel autre, une maison, un homme, une femme : tout comme dans le langage, le mot "homme" évoque dans notre esprit l'image d'un homme, le mot "maison", une maison, et cela dans toutes les langues, bien que, dans chaque langue, le mot varie. c'est une convention établie, on communique par l'usage de ces signes."

"Rien n'est plus difficile qu'un trait. Personne ne sait combien il faut penser un trait."

23 juin 2013

Picasso - Propos sur l'Art -2

"L'artiste est un réceptacle d'émotions venues de n'importe où : du ciel, de la terre, d'un morceau de papier, d'une figure qui passe, d'une toile d'araignée. C'est pourquoi il ne faut pas distinguer entre les choses. Pour elles il n'y a pas de quartiers de noblesse."

1918-1919 La salle à manger de l'artiste, rue La Boëtie

"Le peintre subit des états de plénitude et d'évacuation. C'est là tout le secret de l'art. Je me promène dans la forêt de Fontainebleau. J'y attrape une indigestion de vert. Il faut que j'évacue cette sensation sur un tableau. Le vert y domine. Le peintre fait de la peinture, comme un besoin urgent de se décharger de ses sensations et de ses visions."

 house-in-the-garden-1908

"Les hommes font tout à leur image, depuis Dieu jusqu'au tableau."

"Ce n'est pas ce que l'artiste fait qui compte, mais ce qu'il est... Ce qui nous intéresse, c'est l'inquiétude de Cézanne, c'est l'enseignement de Cézanne, ce sont les tourments de Van Gogh, c'est-à-dire le drame de l'homme. Le reste est faux."

1 Période Bleue, Les pauvres au bord de la mer, 1903

"Je ne vois pas pourquoi tout le monde s'occupe d'art, lui demande des comptes, et à son sujet laisse libre cours à sa propre sottise. Les musées sont autant de mensonges, les gens qui s'occupent d'art sont pour la plupart des imposteurs... Nous en avons fait (des tableaux) de pauvres choses ridicules. Nous sommes attachés à des mythes au lieu de sentir ce qu'il y avait de vie intérieure chez les hommes qui les ont faits."

"Tout le monde veut comprendre la peinture. Pourquoi n'essaie-t-on pas de comprendre le chant des oiseaux ? Pourquoi aime-t-on une nuit, une fleur, tout ce qui entoure l'homme sans chercher à les comprendre ? Tandis que pour la peinture, on veut comprendre. Qu'ils comprennent surtout que l'artiste oeuvre par nécessité ; qu'il est, lui aussi, un infime élément du monde, auquel il ne faudrait pas prêter plus d'importance qu'à tant de choses de la nature qui nous charment mais que nous ne nous expliquons pas. Ceux qui cherchent à expliquer un tableau font la plupart du temps fausse route."

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"Que croyez-vous que soit un artiste ! Un imbécile qui n'a que des yeux s'il est peintre, des oreilles s'il est musicien ou une lyre à tous les étages du coeur s'il est poète, ou même , s'il est un boxeur, seulement des muscles ? Bien au contraire, il est en même temps un être politique, constamment en éveil devant les déchirants, ardents ou doux évènements du monde, se façonnant de toute pièce à leur image. Comment serait-il possible de se désintéresser des autres hommes, et, en vertu de quelle nonchalance ivoirine, de se détacher d'une vie qu'ils vous apportent si copieusement ! Non, la peinture n'est pas faite pour décorer les appartements. C'est un instrument de guerre offensive et défensive contre l'ennemi."

guernicaGuernica - Picasso - 1937 - 349 cm x 766 cm

En 1937, L’Espagne est en guerre civile. Les troupes du général Franco, opposées aux républicains, s’allient à Hitler et l’Allemagne nazie. Le lundi 26 avril 1937, jour de marché, cinq escadrilles d’avions allemands, escortées par des bombardiers italiens et des avions de chasse, procèdent au bombardement de la ville afin de tester leurs nouvelles armes. L’attaque commence à 16 h 30, aux bombes explosives, puis à la mitrailleuse, et enfin aux bombes incendiaires. Après avoir lâché quelque cinquante tonnes de bombes incendiaires, les derniers avions quittent le ciel de Guernica vers 19 h 40. Après le massacre, 20 % de la ville est en flammes, et l’aide des pompiers s’avérant inefficace, le feu se propage à 70 % des habitations.

le charnierLe Charnier - Picasso - 1945

L’humanité toute entière est témoin de la libération des camps.

 1951 massacre en coréeMassacre en Corée - Picasso - 1951

Le 25 juin 1950, 7 divisions nord-coréennes franchissent le 38e parallèle et lancent à l'assaut 90 000 hommes et plus de 150 chars, appuyés par 1700 pièces d'artillerie et 200 avions. En face, la République de Corée n'aligne que 4 divisions, aussi mal équipées que mal préparées; en deux jours, Séoul tombe, et en une semaine plus de 34 000 soldats - un tiers des forces du jeune Etat - sont tombés, faits prisonniers ou disparus. C'est le début de la guerre de Corée, le premier conflit de haute intensité de la guerre froide et la première intervention des Nations-Unies fondées trois ans auparavant.

Dans l'attente de renforts en hommes, armes et munitions, les premières unités américaines envoyées en Corée subissent de plein fouet la déferlante communiste. un repli général est ordonné sur des positions défensives, dans le périmètre de Pusan.

Lorsque les Nord-Coréens attaquent ce périmètre en franchissant le fleuve Natkong, le 4 août, plus de 80% du territoire sont entre leurs mains, et les Forces armées américaines ont effectué en un mois une retraite de près de 300 km, en contact permanent ou presque avec l'ennemi, et au milieu d'innombrables réfugiés. C'est durant cette période que des atrocités auraient été commises par ces troupes, dont des centaines de civils sud-coréens seraient victimes.

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