Don et travail - Faculté créatrice et obsession - Mélancolie
Vincent - Drenthe (sept - dec 1883)
"Le commerce des oeuvres d'art entraîne avec lui certains préjugés auxquels j'estime possible que tu restes encore attaché, notamment que peindre est un don ? Certes oui, c'est un don, mais pas comme ils l'entendent ; il faut tendre les mains pour le saisir, et le saisir n'est pas facile ; il ne faut pas s'attendre à ce que le don se révèle de lui-même. Il y a bien quelque chose, mais pas du tout comme on le dit. C'est en travaillant qu'on apprend ; c'est en peignant qu'on devient peintre. Si l'on veut devenir peintre, si on en a l'envie, si on sent ce que tu sens, alors on le peut ; mais ce "pouvoir-là" va de pair avec la peine, les soucis, les déceptions, les heures de mélancolie, d'impuissance, et tout ça. Voilà ce que j'en pense. Je trouve que peindre est une telle obsession que j'ai été forcé de faire un croquis à l'instant pour n'y plus penser."
"On ne saurait étouffer la faculté créatrice ; ce qu'on ressent doit finalement se manifester."
"Le travail est un besoin absolu pour moi (...) il n'y a que le travail qui me procure de la joie. Ce qui veut dire que la joie qui me vient d'ailleurs est coupée net et que je tombe en proie à la mélancolie dès que je dois m'arrêter."