Aux innocents les mains pleines

Peinture à l'huile sur papier - 45 cm x 63 cm - d'après une peinture d'Emma Blackwood

J'ai préparé mon support habituel - feuille de papier peint tendue sur planche de médium, 2 couches de gesso teinté jaune clair. Je n'ai pas poncé entre chaque couche cette fois, j'ai appliqué le gesso avec des coups de pinceaux arrondis pour donner une texture et faciliter l'accroche de la peinture (sur le papier l'accroche est très différente de celle de la toile).

J'avais prévu de faire cette peinture au couteau, comme le modèle. Ce n'est pas ce qui s'est passé finalement.

Ce modèle ne fait pas partie de ceux donnés par notre prof. J'ai recherché des nus masculins sur le net et j'en ai trouvé pas mal sur un site gai (taper "nu masculin dans l'art" dans les moteurs de recherche et on tombe dessus).

En début de séance je montre la photo de l'original à mon prof. Il me dit "va y, aux innocents les mains pleines !".

(Aux innocents les mains pleines.

Ce proverbe est de Lambert-Thiboust (1826-1867), c'est le titre d'une commédie-proverbe (1857).
Explication: Les gens faibles ou simples d'esprit sont heureux dans leurs entreprises.
Ce sont souvent les gens simples, qui se posent le moins de question, qui y parviennent.)

Il a raison :

"La peinture, c'est très facile
quand vous ne savez pas comment faire.
Quand vous le savez,
c'est très difficile."
Edgar DEGAS

Je fais un quadrillage large de mon support et je dessine mon esquisse au fusain à l'envers, pour pouvoir mieux me focaliser sur les formes.

Je ne fixe pas mon dessin, j'attrape un gros pinceau et je commence à peindre les zones foncées à grandes touches rapides. Je continue au pinceau, zones par zones et teintes par teintes, du plus foncé au plus clair.

Je dois corriger la tête, où j'ai tout placé trop bas. Pour cela j'efface la peinture déjà posée avec un essui-tout, je retourne le tableau et je retravaille à l'envers pour tous les traits du visage.

C'est mieux.

Mon prof qui passait par là corrige avec le manche du pinceau la ligne des épaules.

Je continue... une petite pause après laquelle je reprends vite, je veux terminer le tableau dans la séance.

Re-visite éclair du prof. Il me signale des touches de pinceau à unifier, agrandir les mains, éclaicir un peu là, foncer ici adoucir là. Il a l'oeil et le bon. Je corrige.

Il me dit qu'il faudra retravailler ça ou ca, je lui dit que non, je veux finir à la fin de la séance : quand je retouche je gâche.

Je passe un coup de spalter sec. Cela fait ressortir la texture de la sous couche. L'effet est chouette et conforme à ce que je voulais. La séance est terminée. Conclusion du prof : "c'est pas mal ton truc" :-)

Pour la prochaine fois je préparerai mon support ET mon esquisse. ça me fera gagner du temps. Et j'aurai la possibilité de corriger les erreurs de dessin, qui ne pardonnent pas quand on passe à la couleur.

J'aime travailler vite.

 
Le modèle : "At the heavens" d'Emma Blackwood.

Comments

[JonInFrance]

Wouah, c'est super chouette - je préfère à l'original. Hmm, je pense que tu aimes bien ton prof quand même (en tout cas, il va dire des trucs comme ça, pour tout le monde - c'est pas personnel!). C'est fort de le faire à l'envers - et une très bon technique - si on y arrive! Très jolies couleurs dans la chair! C'est une pose original- super ton 'truc' ;D

[Claude86]

J'aime bien perso , et les profs lorsque l'on arrive à les étonner ils vous gratifient d'un petit sourire et ça vaut son pesant d'or @+