Fauve
Sculpture argile blanche - 19 cm - en attente de finition
Voilà ce que je t'écrivais il y a quelques mois :
"Ma fille m'a demandé un oiseau fier. Elle m'a parlé de paon. Mais je pense à la tenue altière des oiseaux de proie. Faucons, aigles, à la poitrine gonflée ou aux ailes déployées, aux yeux calmes et au regard perçant, si sûrs d'eux. J'aime le regard des prédateurs. Fauves ou oiseaux, et leur force pure, l'action sur le point de se déclencher, quand ils fixent du regard et s'immobilisent. J'aime quand ils sont calmes, droits, tellement remplis de la puissance que leur donne le fait de ne craindre personne. Et le regard de tueur qui se fixe sur sa proie. Il n'y a rien de plus puissant que ça.
J'aimerais être capable de faire passer ça dans une sculpture."
... Quelques temps après quand je me suis trouvée avec la terre entre les mains, comme d'habitude j'ai laissé faire les choses et naître petit à petit la forme définitive. J'avais dans l'idée de représenter un personnage mi-femme mi-fauve, et j'avais imprimé à cette fin des photographies de panthères et de visages, celui de Grace Jones notamment. La sculpture a d'abord été femme pour ensuite devenir fauve, j'aurais dû prendre des photos des stades intermédiaires. La forme du crane et l'attache sur le cou sont humaines. J'ai pensé aux sculptures égyptiennes, à leur posture altière. J'ai pensé au caractère assuré de ma fille.
Curieusement, alors que j'avais mentionné l'importance du regard, j'ai représenté un personnage qui a les yeux fermés. On retrouve l'idée de l'oiseau de proie dans les sourcils qui me font penser à un aigle, mais avec quelque chose de moins glaçant. Selon l'éclairage le visage paraît avoir une expression plus ou moins dure, mais elle est toujours forte, calme et assurée.
Je lui avais donné une finition noire qui ne convenait pas, trop sombre à tous points de vue. Je l'ai poncée entièrement. Elle attend une finition définitive, probablement une couleur claire et douce qui mettra mieux en valeur les reliefs.
L'oiseau
Stylo bille - 25 x 21 cm
Ce dessin est celui d'une photographie de Ludwig Windstosser, trouvée sur le site Picture this. C'est un modèle que je trouve riche de sens. Au delà de l'idée de liberté (ou d'enfermement) je trouve que cette photo illustre merveilleusement la question du point de vue élargi.
Si vous regardez le cercle qui entoure l'oiseau vous pouvez le voir comme une barrière infranchissable. Il faut élargir la "vision" à ce qui se trouve au delà (au dessus en l'occurence), pour percevoir le fait qu'il est dans un ciel sans limites.
Cela a à voir avec le problème des 9 points et avec la créativité :
Mais c'est aussi et surtout en rapport avec le texte d'Einstein que j'ai cité récemment. C'est une manière d'être au monde en général. Le dessin m'évoque l'illusion d'optique dont parle Einstein dans le texte que j'ai recopié dernièrement, illusion qui fait se sentir limité à sa propre expérience, elle-même limitée dans le temps et dans l'espace. Le sentiment de faire partie d'un tout a quelque chose de libérateur, comme l'est la perception de l'immensité du ciel au delà du puit.
Notre tâche
Libre calligraphie du texte ci-dessous - feutre - 25 x 25 cm
"Un être humain est une partie de la totalité, que nous appelons "univers", une partie limitée dans le temps et dans l'espace. Il fait l'expérience de lui-même, de ses pensées et de ses sentiments, comme de quelque chose de séparé du reste - une sorte d'illusion d'optique de sa conscience. Cette illusion est une sorte de prison pour nous, nous limitant à nos désirs personnels et à notre affection pour quelques personnes les plus proches de nous. Notre tâche doit être de nous libérer de cette prison en élargissant le cercle de notre compassion pour embrasser toutes les créatures vivantes et la nature entière dans sa beauté. Personne n'est capable de réaliser cela complètement, mais tendre à cet accomplissement est en soi une part de la libération et le fondement d'une sécurité intérieure." (Albert Einstein).