Deux autres bleus (joyeuse fin du monde à tous)
Homme drapé
Craies conté (sépia, noir et blanc) sur papier d'emballage - 50 x 65 cm -
d'après "femme drapée" de Jacques Louis David
Enfin le plaisir. Mon problème est souvent de trouver un sujet à dessiner. Je me dis à quoi bon, j'ai du mal à trouver une motivation sachant l'imperfection de ce que je vais faire. J'ai remis en tête de blog une citation sur la qualité des moments passés, qui me rappelle que le dessin est juste la trace d'un instant précieux. J'ai tendance à l'oublier.
Sachant qu'on passe plusieurs heures à observer le sujet, il faut que celui-ci soit tout simplement intéressant à regarder. Que je me demande comment c'est fait.
Ici le plaisir est né de l'instant fugitif où le dessin en deux dimensions a pris soudain du volume, quand j'ai commencé à y travailler comme à une sculpture.
Paquet de Noel, Musique
Ces deux là sont indépendants l'un de l'autre. J'aime bien cette encre bleue (l'original est plus foncé que mon scann), mieux que le noir. Voilà ce qui me vient quand je prends un stylo plume, j'aimerais savoir ce qui vient quand je prends un pinceau et de la peinture...
Aujourd'hui j'écoute : Amy Winehouse
Huit bleus
A la recherche du cadeau de Noel introuvable...
"C'était au reste un de ces hommes qui aiment assister à leur propre vie, considérant comme déplacée toute ambition de la vivre. On aura remarqué que ceux là contemplent leur destin à la façon dont la plupart des autres contemplent une journée de pluie..."
"... elle pleuvait sa vie, devant ses yeux, spectacle tranquille..."
"... il y trouva sept feuilles de papier, couvertes d'une écriture dense et géométrique : encre noire : idéogrammes japonais... on aurait dit un catalogue d'empreintes de petits oiseaux, dressé avec une méticuleuse folie. C'était surprenant de penser qu'en fait c'était des signes, la cendre d'une voix brûlée."
Roman d'Alessandro Baricco illustré par Rebecca Dautremer
Je ne l'ai pas acheté parce que je ne pense pas qu'il corresponde à la personne visée, mais j'aurais bien aimé que quelqu'un me l'offre celui là. Le roman est magnifique, lui ajouter les illustrations de Rebecca Dautremer en fait un vrai bijou. Le seul bémol c'est le manque de couleurs dans les dessins.
Voici un extrait de ce qu'en dit l'auteur :
"Ceci n'est pas un roman. Ni même un récit. C'est une histoire. Elle commence avec un homme qui traverse le monde et finit avec un lac qui est là, comme ça, dans les journées du vent... On pourrait dire que c'est une histoire d'amour. Mais si c'était seulement ça, ça ne vaudrait pas la peine de la raconter. Il y a aussi dans cette histoire des désirs et des souffrances, de celles qu'on connait parfaitement, mais le vrai nom pour les dire, on ne le trouve jamais. Et de toute façon, ce n'est pas amour...
... Toutes les histoires ont leur musique. Celle-ci a une musique blanche. C'est important de le dire, parce que la musique blanche est une drôle de musique, déconcertante quelque fois : elle se joue doucement, et elle se danse lentement. Quand elle est bien jouée c'est comme si on entendait le silence, et ceux qui la dansent comme des dieux, on les regarde et on a l'impression qu'ils ne bougent pas..."
Aujourd'hui j'écoute... Gotan Project
Lettres anonymes
Le début d'un frémissement d'une suite... hier j'ai étalé sur mon bureau des mots découpés dans les journaux, les magazines, quelques photos. Un collage en préparation. A la lecture on voit qu'il s'agit d'une sorte autoportrait, une vue de l'esprit. Je réfléchis à la manière d'assembler tout cela, au fond. Il y faudra du noir, et du rouge.
Je pense cerne noir, patchwork et vitrail. Sang en arrière plan. Les mots comme une peau.
Hier soir aussi j'ai repris mes petites fiches de bristol et un stylo plume et y faire des traces. C'est comme une texture, lignes d'empreintes digitales, peau d'éléphant, écorce d'arbre. Encore à découper, replacer, recoller.
Mes pas me ramènent sans cesse sur le même chemin. Et je ne me lasse pas d'écouter Alt-J, qui tourne en boucle. Je ne comprends pas les paroles, je reçois juste les sonorités, et l'émotion passe. C'est comme si je regardais des mots et ne voyait que leurs formes abstraites, comme dans mon collage.
Je me demande ce que cela fait d'écouter en comprenant les paroles. Comment sont les paroles Jon ? Imbéciles, poétiques, fortes ? Belles ? Sans intérêt ?
Le sens ajoute sans doute à la beauté mais la beauté arrive à s'exprimer, tout simplement, sans lui.
Une expo
Un peintre du contraste et de l'énergie. Constraste des couleurs vives et du noir omniprésent. Contraste et variété de la forme, de la taille, de l'épaisseur des touches.
Dans une galerie rien de mieux qu'une visite guidée par un peintre éclairé. Notre prof a convié tout son petit monde pour cette exposition temporaire Ronan Barrot, couplée avec des oeuvres d'autres peintres, dont Jules Dupré.
J'ai pu voir ces deux toiles, entre autres. Elles sont très grandes. La peau en est très différente. Epaisseurs très variées, reliefs tourmentés pour Ronan Barrot. Il y avait une salle consacrée à ses portraits, c'est ce que j'ai préféré. Ils sont travaillés avec une pate très épaisse, qui forme comme une matière sculptée. Chez Jules Dupré la peau est épaisse mais régulière, comme si la matière avait été écrasée, la peinture enduite.
Nous avons parlé impesto et sfumato, les toiles de Ronan Barrot qui utilisent ces deux techniques s'y prétaient bien. Jérome a martelé que le sujet de la peinture c'est la peinture elle même. Que ce qui est intéressant c'est l'idée d'arbre et non pas la description de l'arbre. Qu'il n'y a pas beaucoup d'intérêt à répéter ce qui a été dit par les peintres du passé. Qu'il faut laisser au spectateur de l'espace pour lire la toile à sa façon, ne pas tout raconter. Toutes choses dont je suis entièrement convaincue. Je ne profite pas beaucoup des connaissances techniques de notre prof dans le sens où je pratique très peu. Mais c'est un grand plaisir de cotoyer quelqu'un qui a la même sensibilité que soi.